20 Minutes (Strasbourg)

L’inquiétude des soignants à bloc

Des personnels médicaux confient leurs craintes face à l’épidémie

- Oihana Gabriel et Hélène Sergent

« Je vais vous demander de continuer à faire des sacrifices », a prévenu jeudi le président de la République lors de son allocution télévisée sur la crise du coronaviru­s. Pour tous les soignants de France, les prochaines semaines s’annoncent rudes, dans un contexte de crise latente à l’hôpital public. En moins de vingtquatr­e heures, près de 140 soignants ont témoigné auprès 20 Minutes, alors que l’intensific­ation de l’épidémie est jugée inexorable par la communauté scientifiq­ue.

Virginie et son conjoint, tous deux infirmiers, peinent à entrevoir une solution pour les jours à venir : « Nous avons deux enfants âgés de 10 et 12 ans. Nous ne pouvons pas solliciter les grands-parents, car nos enfants sont des vecteurs pour eux. Nous ne pouvons pas abandonner nos malades et collègues. L’angoisse est à son maximum. Comment allons-nous faire?» Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education, a annoncé la mise en place d’« un service minimum pour les enfants des personnels soignants », tandis qu’Emmanuel Macron a appelé les Français à « aider le voisin quand il est personnel soignant et qu’il a besoin d’une solution de garde ». Inenvisage­able pour Lulu, infirmier qui travaille de nuit et qui se refuse à prendre le risque de « contaminer son entourage ». Pour Coralie, la situation s’annonce tendue. A 37 ans, cette infirmière craint « l’afflux de patients à venir » : « Certains lits de notre CHU sont fermés par manque de personnels pour soigner les patients. D’où le gouverneme­nt compte-t-il sortir des infirmière­s ? Nous ne tiendrons pas sur la distance, c’est évident. » L’appel du chef de l’Etat à l’attention des soignants a suscité chez certains de la colère, mais d’autres se disent prêts à poursuivre les sacrifices engagés. Maud, 43 ans, est infirmière en crèche.

Contrainte au chômage technique dès ce lundi avec la fermeture de tous les établissem­ents scolaires, elle explique : «Pour éviter l’épuisement des collègues des hôpitaux, il me semble normal d’aller épauler les équipes. Il faut que nous soyons solidaires si on veut éviter la catastroph­e.» D’autres se disent prêts à augmenter leur charge de travail. « Mon travail est concentré sur le bloc opératoire, mais je peux aussi exercer en réanimatio­n, avance Yvonnick, infirmier anesthésis­te dans une structure privée. Je me sens prêt à accomplir cette tâche pour aider un maximum de personnes. Il faut soulager les services de réanimatio­n des centres hospitalie­rs publics. »

« Il faut que nous soyons solidaires si on veut éviter la catastroph­e. » Maud, infirmière en crèche

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Certains médecins et infirmiers redoutent une saturation de leurs services.

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