Les arguments de l’alliance LREM-LR
Des questions se posent après la fusion des listes d’Alain Fontanel (LREM) et Jean-Philippe Vetter (LR) en vue du second tour
Manoeuvre de haut vol ? Opportunisme politique ? Qu’elle plaise ou déplaise, la fusion à Strasbourg, mardi dernier, quelques minutes avant la clôture du dépôt des listes LREM et LR, a surpris tout le monde. Alain Fontanel (LREM) et Jean-Philippe Vetter (LR) assurent « avoir pris leurs responsabilités ». Après ce rebondissement dans une campagne des municipales jusqu’ici plutôt calme et presque écrite, comment cette décision est-elle perçue ? « En trois mots, ce qui s’est passé, c’est naïveté, ego et opportunisme politique», résume le politologue Philippe Breton, directeur éditorial de l’Observatoire de la vie politique et sociale en Alsace (Ovipal). Bruno Studer, député alsacien LREM, rappelle que des portes étaient et restent ouvertes. «Il y avait d’autres scénarios possibles. C’est peut-être un des plus inattendus qui a abouti, car en même temps, il aurait été possible de travailler avec Catherine Trautmann (PS). Cela se fera peut-être par la suite, on ne sait pas. »
Le député, reconnaît qu’au-delà de convergences évidentes entre les listes LREM et LR, « il y avait un vrai risque, identifié, de laisser la ville de Strasbourg et l’Eurométropole aux mains de l’extrême gauche. » Et « l’impossibilité pour quiconque de s’entendre » la liste écologiste. L’alliance avec les Républicains répondait avant
« Ce n’est pas un accord qui a été décidé au niveau national. » Anne Sander, eurodéputée LR
tout, selon lui, à l’urgence économique à laquelle la future équipe municipale devra répondre.
« Ce n’est pas un accord qui a été décidé au niveau national, mais bien un accord local, motivé par le sens des responsabilités. Est-ce qu’il y avait le choix ? » s’interroge la députée européenne LR Anne Sander. La députée insiste également sur l’importance de défendre le siège du Parlement européen à Strasbourg, auquel les écologistes se seraient toujours opposés. La crainte de perdre des électeurs? Nourrir l’abstention? Décrédibiliser les politiciens? «Non, répond la députée. C’est une dynamique positive qui montre le sens de responsabilité de ces candidats.» Plus réservé sur cette éventuelle dynamique électorale, Philippe Breton tempère : « Il y a clairement eu une manipulation politique. Ce n’est, bien sûr, pas illégal, et les électeurs jugeront. » Analyse faite, cette « manoeuvre a porté ses fruits puisqu’elle a créé une ambiance de négociation entre écologistes et PS. » Reste à savoir ce que vont faire « des électeurs de gauche, qui ont rallié de bonne foi LREM en pensant que le monde ancien était terminé, qu’on ferait plus de politique politicienne », s’interroge Philippe Breton.