«J’ai surpris ceux qui pensaient que j’étais out», confie Catherine Trautmann
Avant la seconde manche des municipales, Catherine Trautmann revendique sa « liberté »
Un fauteuil rouge, évidemment. Une petite demi-heure de retard, prévisible. Une légère odeur du restaurant libanais voisin, inattendu. Pendant près de trois quarts d’heure, Catherine Trautmann s’est confiée sur son retour au tout premier plan à Strasbourg. A 69 ans, l’ancienne maire de la ville (1989-1977 puis 2000-2001) et ministre de la Culture (1997-2000) n’a rien perdu de son appétit politique. Arrivée en troisième position le 15 mars avec 19,77 % des suffrages exprimés, la socialiste Catherine Trautmann n’était pas attendue à pareille fête.
Début février, vous étiez en retrait sur la liste de Mathieu Cahn. Six mois plus tard, vous voilà au deuxième tour des municipales à Strasbourg. C’est assez fou, non ?
Pour vous dire la vérité, je n’ai pas vraiment eu le temps de me poser la question. Tout s’est passé extrêmement vite. Mais en politique et dans une campagne pour les municipales, je suis toujours dans un état d’esprit où tout peut arriver. Une fois que j’ai décidé de remplacer Mathieu Cahn [qui s’est retiré après des révélations sur sa vie privée], c’est jusqu’au bout et avec la perspective de gagner.
Que pensez-vous de votre score au premier tour ?
Je suis venue sur cette liste car je savais que j’apportais quelque chose et que je bénéficiais d’une notoriété et d’une popularité réelle. Les gens reconnaissent ce que j’ai fait dans cette ville. Mais, j’ai quand même été surprise de voir que c’était dans cette proportion. Il fallait redonner des couleurs à la gauche et c’est ce que j’ai fait. On parle de remontada ! Ceux qui pensaient que j’étais out et que je devais prendre une retraite ont été surpris.
Le rapprochement avec la liste menée par l’écologiste Jeanne Barseghian a échoué. Avez-vous des regrets ?
C’est toujours un regret quand on ne peut pas s’allier. En 2008, quand nous avons repris la mairie, on avait corédigé un projet pendant cinq ou six nuits. Là, j’ai bien perçu qu’il n’y avait pas le même entrain. Nos partenaires ont pensé qu’ils pouvaient gagner seuls dans une quadrangulaire. Tout ça abouti à une faute politique, car ça a donné le temps à nos adversaires de se mettre d’accord.
Justement, quelle est votre opinion concernant la fusion des listes d’Alain Fontanel (LREM) et de Jean-Philippe Vetter (LR) ?
C’est un arrangement pour des postes. Ce qu’a fait Alain Fontanel me pose problème, car il avait dit qu’il ne le ferait jamais. Il faut vraiment s’asseoir sur ses convictions pour conduire une liste comme ça. Moi, je suis au milieu de l’échiquier politique parce que je n’ai jamais méprisé ni travaillé autrement que pour tous les Strasbourgeois.
N’êtes-vous pas plutôt à gauche de l’échiquier, encartée au PS?
Mais moi, je suis au-dessus des partis. Aujourd’hui, je ne suis pas tributaire du Parti socialiste. J’ai dit à mon leadeur de parti (Olivier Faure) de me laisser procéder en toute autonomie dans l’organisation de cette campagne. J’ai une véritable liberté et, en même temps, tout le monde sait où je suis. Il n’y a pas d’ambiguïté sur la continuité de mon parcours, la fidélité à mes idées et à Strasbourg.
En quoi votre prochain mandat serait-il différent des précédents ? Ce que j’ai fait au début a été assez révolutionnaire, comme le tram et la piétonnisation de nombreuses zones, mais il faut ouvrir une nouvelle période. C’est celle des métamorphoses. Il y a beaucoup de changements à opérer, comme au niveau de l’alimentation avec l’agroécologie, par exemple. Ce mandat sera différent, on va changer les références.
«Ce qu’a fait Alain Fontanel me pose problème, car il avait dit qu’il ne le ferait jamais.»