Comment «Charlie Hebdo» va couvrir le procès
L’hebdo fait appel à un écrivain et à un dessinateur pour couvrir l’audience des attentats de janvier 2015
C’est un événement extraordinaire, impensable pour une rédaction. A partir de mercredi, le journal Charlie Hebdo s’apprête à vivre le procès des attentats qui ont coûté la vie à huit membres de sa rédaction le 8 janvier 2015. A la fois comme partie civile, puisque plusieurs membres seront à la barre au tribunal judiciaire de Paris, mais aussi comme média, qui va, comme de nombreux autres médias, rendre compte de ce moment judiciaire. Mais comment couvrir un tel événement quand on est, de fait, juge et partie ? Le directeur de la rédaction, Riss, a trouvé la parade : demander à deux collaborateurs extérieurs, qui n’étaient pas là au moment de l’attentat, l’écrivain Yannick Haenel (lire ci-contre) et le dessinateur Boucq, de rendre compte, chaque jour, de cette épreuve.
«Pas de côté»
Une solution dans la tradition à «Charlie», comme on l’appelle, puisqu’on y conviait régulièrement des dessinateurs pour rendre compte des procès. « Riss avait couvert le procès Merah, rappelle Gérard Biard, le rédacteur en chef de l’hebdomadaire. Le dessinateur a un regard particulier que n’aura pas un journaliste. Sinon, c’est du reportage. » « Un écrivain verra des choses qu’un journaliste ne verra pas, poursuit Gérard Biard. Un tas de grands reporteurs étaient d’abord et aussi des écrivains. » « Yannick saura faire ce que Gébé [un ancien dessinateur de Charlie Hebdo, mort en 2004] appelait le “pas de côté” », pronostique le rédacteur en chef. « Je ne suis pas chroniqueur judiciaire ni même journaliste, explique de son côté l’intéressé. Et je crois que c’est pour cela qu’ils m’ont choisi, pour qu’il y ait ce décalage. »