Des entreprises au bord de la rupture
Plusieurs cabinets spécialisés prévoient une poussée des licenciements
C’est l’autre deuxième vague redoutée, une conséquence très concrète de la récession à l’oeuvre à cause de la pandémie de coronavirus. Les plans sociaux des entreprises devraient se multiplier prochainement. Plusieurs plans de licenciement ont été annoncés dans des secteurs arrêtés net par la crise sanitaire, comme l’automobile ou les transports aériens. Certaines entreprises sont déjà à l’étape du dépôt de bilan, comme l’enseigne d’ameublement Alinea.
« La crise n’est pas un alibi, mais un déclencheur [des mutations]. » Eric Beaudouin, cabinet Oasys
Au total, depuis le 1er mars, «environ 49 000 ruptures de contrats de travail ont été envisagées dans le cadre de PSE [plans de sauvegarde de l’emploi] », soit trois fois plus qu’à la même période l’an dernier, note la Dares, l’institut statistique du ministère du Travail. A ce chiffre s’ajoutent 2 700 projets de « petits licenciements collectifs » prévus dans les entreprises de moins de 50 salariés et/ou portant sur moins de 10 personnes. Malgré les différentes mesures d’aide (chômage partiel, prêts garantis par l’Etat), Pierre Ferracci, président du groupe Alpha, un cabinet qui accompagne les élus du personnel, s’attend à « une poussée très forte des PSE entre septembre et décembre ». « Le temps de négocier ces plans sociaux, les gros départs vont se voir à partir de novembre, décembre », pronostique le cabinet LHH Altedia.
Face à une récession record (le PIB a baissé de 13,8 % au deuxième trimestre), même les entreprises en bonne santé sont susceptibles de flancher, comme l’a rappelé l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). D’où l’importance du plan de relance à venir (lire l’encadré). Dans ce contexte, certaines échéances (évolution du chômage partiel en octobre, remboursement des prêts garantis par l’Etat dès avril) pourraient déclencher des plans sociaux. Qu’elles soient ou non proches du dépôt de bilan, les entreprises accélèrent aussi leurs mutations, au détriment de l’emploi. « Dans le commerce de détail, il est très frappant de voir les fermetures de boutique, la clientèle s’étant habituée à l’achat en ligne. Hors crise, elles auraient fermé plus tard. La crise n’est pas un alibi, mais un déclencheur », note Eric Beaudouin, directeur général d’Oasys, un cabinet qui se charge notamment des reclassements de salariés et de cadres. Un secteur qui, lui, ne devrait pas connaître la crise.