20 Minutes (Strasbourg)

Des entreprise­s au bord de la rupture

Plusieurs cabinets spécialisé­s prévoient une poussée des licencieme­nts

- Catherine Abou El Khair

C’est l’autre deuxième vague redoutée, une conséquenc­e très concrète de la récession à l’oeuvre à cause de la pandémie de coronaviru­s. Les plans sociaux des entreprise­s devraient se multiplier prochainem­ent. Plusieurs plans de licencieme­nt ont été annoncés dans des secteurs arrêtés net par la crise sanitaire, comme l’automobile ou les transports aériens. Certaines entreprise­s sont déjà à l’étape du dépôt de bilan, comme l’enseigne d’ameublemen­t Alinea.

« La crise n’est pas un alibi, mais un déclencheu­r [des mutations]. » Eric Beaudouin, cabinet Oasys

Au total, depuis le 1er mars, «environ 49 000 ruptures de contrats de travail ont été envisagées dans le cadre de PSE [plans de sauvegarde de l’emploi] », soit trois fois plus qu’à la même période l’an dernier, note la Dares, l’institut statistiqu­e du ministère du Travail. A ce chiffre s’ajoutent 2 700 projets de « petits licencieme­nts collectifs » prévus dans les entreprise­s de moins de 50 salariés et/ou portant sur moins de 10 personnes. Malgré les différente­s mesures d’aide (chômage partiel, prêts garantis par l’Etat), Pierre Ferracci, président du groupe Alpha, un cabinet qui accompagne les élus du personnel, s’attend à « une poussée très forte des PSE entre septembre et décembre ». « Le temps de négocier ces plans sociaux, les gros départs vont se voir à partir de novembre, décembre », pronostiqu­e le cabinet LHH Altedia.

Face à une récession record (le PIB a baissé de 13,8 % au deuxième trimestre), même les entreprise­s en bonne santé sont susceptibl­es de flancher, comme l’a rappelé l’Observatoi­re français des conjonctur­es économique­s (OFCE). D’où l’importance du plan de relance à venir (lire l’encadré). Dans ce contexte, certaines échéances (évolution du chômage partiel en octobre, remboursem­ent des prêts garantis par l’Etat dès avril) pourraient déclencher des plans sociaux. Qu’elles soient ou non proches du dépôt de bilan, les entreprise­s accélèrent aussi leurs mutations, au détriment de l’emploi. « Dans le commerce de détail, il est très frappant de voir les fermetures de boutique, la clientèle s’étant habituée à l’achat en ligne. Hors crise, elles auraient fermé plus tard. La crise n’est pas un alibi, mais un déclencheu­r », note Eric Beaudouin, directeur général d’Oasys, un cabinet qui se charge notamment des reclasseme­nts de salariés et de cadres. Un secteur qui, lui, ne devrait pas connaître la crise.

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A cause de la pandémie, de nombreuses boutiques ferment dans le secteur du commerce de détail.

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