Fallait pas l’inviter
Les rassemblements, notamment dans la sphère privée, augmentent les risques de contagion. Des spécialistes en appellent à plus de vigilance.
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«Sifflons la fin de la récré!» C’est l’appel lancé dimanche, dans les colonnes du JDD, par le médecin Jimmy Mohamed et auquel se sont joints cinq autres médecins, dont le généticien Axel Kahn, président de la Ligue contre le cancer. « II est temps de faire attention dans le milieu privé, insiste le médecin généraliste parisien. Les mariages, les anniversaires, les réunions de famille, les soirées entre amis sont des situations à risque dans la propagation du virus. Plus une pièce est petite, plus elle contient de monde, moins elle est aérée et plus vous augmentez le risque de tomber malade. Et ça sera de plus en plus vrai à mesure que l’épidémie progresse. » Certes, l’entreprise est la première collectivité où se déclenchent les clusters en France : 29 % des 1 583 signalés entre le 9 mai et le 7 septembre, indique Santé publique France. Mais les événements publics et privés rassemblant de manière temporaire des personnes arrivent juste derrière (15 %), suivis du milieu familial élargi (11 %). Pas si étonnant pour le Dr Pascal
Crépey, épidémiologiste à l’Ecole des hautes études en santé publique de Rennes. « Dans ces rassemblements privés, on se dit qu’on connaît les personnes, qu’on sait qu’elles font attention, si bien qu’on a sans doute tendance à se relâcher, glisse-t-il. Or, paradoxalement, c’est aussi dans ces
« C’est entre proches qu’on a des contacts potentiellement plus infectants.» Pascal Crépey, épidémiologiste
rassemblements qu’on a des contacts prolongés et potentiellement plus infectants avec les personnes. » Faut-il alors en arriver à prendre des mesures coercitives jusque dans ces rassemblements privés, au sein de la famille élargie ou entre amis? Des pays voisins le font déjà. A l’image de l’Angleterre, qui interdisait jusqu’à présent les rassemblements de plus de 30 personnes et durcira un peu plus la mesure, ce lundi, en ramenant la jauge à 6 personnes. «On ne demande pas dans cette tribune qu’il y ait des brigades antifêtes ou antimariages », glisse Pascal Crépey. Le hic, pour l’épidémiologiste, est que ces recommandations existent déjà. «Il a été plusieurs fois demandé aux Français d’éviter autant que possible les fêtes familiales, illustre-t-il. Mais sans doute parce que ce n’est qu’une recommandation, on se dit que ce n’est pas si important que ça. »