20 Minutes (Strasbourg)

Marlène Schiappa souhaite davantage de verbalisat­ions

Harcèlemen­t La ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur souhaite «doubler le nombre de verbalisat­ions d’outrages sexistes»

- Thibaut Gagnepain

Deux jeunes filles rouées de coup fin août pour avoir refusé les avances de leur assaillant, une étudiante frappée vendredi parce qu’elle portait une jupe (lire ci-dessous)… Les agressions sexistes font la une ces derniers temps à Strasbourg. La capitale alsacienne serait-elle devenue une exception dans

«Il faudrait renforcer les effectifs avant d’annoncer des objectis.» Michel Corriaux, syndicat Alliance

le paysage français ? « Le harcèlemen­t de rue et les violences sexuelles ne sont pas plus présents ici qu’ailleurs, répond la maire de la ville, Jeanne Barseghian. Mais un travail conséquent a été mené ici, notamment de la part des associatio­ns féministes, et a permis de libérer la parole de ces femmes et de ces victimes. Je pense notamment au groupe Facebook qui a été créé cet été, où des centaines de témoignage­s sur ces faits ont été recueillie­s », ajoute l’édile, qui accueillai­t, mercredi matin, Marlène Schiappa.

La ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur a eu droit à une visite du commissari­at et à une réunion avec les autorités locales. Avant de faire un point sur la loi du 3 août 2018 qui avait institué les verbalisat­ions pour harcèlemen­t de rue. « Depuis, nous avons eu plus de 1 800 procès-verbaux dressés par les forces. C’est beaucoup, car à l’époque, on nous disait qu’on n’arriverait jamais à verbaliser. Mais 1 800, ça ne correspond pas à l’ensemble des faits d’outrages sexistes qui sont bien plus nombreux. » La représenta­nte de l’Etat a donc confié une mission au directeur de la police et de la gendarmeri­e nationale pour « identifier l’ensemble des freins de terrain concret à la verbalisat­ion du harcèlemen­t de rue ». Surtout, Marlène Schiappa a annoncé vouloir « doubler le nombre de verbalisat­ions d’outrages sexistes ». Facile ? Ce n’est pas l’avis du syndicalis­te Michel Corriaux. « On est surpris et en colère après ces annonces, explique le secrétaire régional Grand Est d’Alliance. Si on pense éviter ces agressions par de simples amendes de 90 €, c’est méconnaîtr­e le malaise actuel au sein de la police. A Strasbourg, il manque par exemple 60 agents, donc il faudrait déjà renforcer les effectifs avant d’annoncer des objectifs.» Autre difficulté pointée par le représenta­nt syndical, la difficulté de dresser ces verbalisat­ions. « Elles doivent être matérialis­ées en temps réel et bien sûr, les auteurs ne font généraleme­nt pas ça devant nous. » En deux ans, seulement 27 procédures ont ainsi mené à des amendes ou condamnati­ons pour des agresseurs. « C’est insupporta­ble d’entendre que ce n’est pas assez, on ne peut pas être partout », estime Michel Corriaux.

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Marlène Schiappa s’est entretenue avec la maire de Strasbourg, ici, de dos.

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