L’écluse de Kembs Niffer touche le jackpot au loto
Le site de Kembs-Niffer, dans le Haut-Rhin, bénéficiera de 300000 € issus du loto du patrimoine de Stéphane Bern
Stéphane Bern se serait-il pris de passion pour la navigation de plaisance sur le canal du Rhône au Rhin, unique activité, aujourd’hui, de cet ensemble datant des années 1960?L’écluse de Kembs-Niffer, dite Le Corbusier, va bénéficier d’une subvention de 300 000 € tirés du loto du patrimoine 2020 de l’animateur de télévision.
Une pépite de béton
Au premier coup d’oeil, le béton de la tour de contrôle et du bâtiment administratif peut paraître inintéressant. Pas de vieilles pierres érodées comme sur l’autre site alsacien choisi par la Mission patrimoine (le mur d’enceinte de Wangen, dans le Bas-Rhin), pas de charpente bringuebalante ou de donjon en danger.
Et pourtant. L’intérêt de l’écluse de Kembs-Niffer réside dans la représentation de tout un mouvement architectural et social. Une vision portée par son architecte, l’influent Le Corbusier, dont une partie de l’oeuvre est classée au patrimoine mondial de l’Unesco. « Cette écluse est sa seule réalisation en Alsace et l’une des rares commandes publiques françaises passées à l’architecte », souligne Jean-Laurent Kistler, chef du service développement de Voies navigables de France (VNF) à Strasbourg, propriétaire de l’écluse. Livré en 1961, l’ensemble a été inscrit au titre de monument historique en mars 2005. Même si les deux structures ont été laissées à l’abandon, notamment depuis l’automatisation de la grande écluse située quelques centaines de mètres en amont, en 1995. La nouvelle écluse autorisant des convois beaucoup plus longs et supportant un fret plus important. La tour, constituée de béton et de vitres, recèle des innovations. Elle est supportée par des murs sur lesquels s’articule un jeu de « pleins et de vides » selon le niveau d’eau. Elle abrite notamment le poste de l’éclusier, où la décoration et le pupitre sont toujours en place. Le bâtiment administratif est, lui, surmonté « d’une couverture en forme de paraboloïde hyperbolique, ce qui était très novateur à l’époque », détaille Jean Laurent Kistler.
En février 2019, ces deux édifices ont été reconnus en péril. La mission mécénat de VNF et la Fondation du patrimoine ont alors lancé un appel aux dons pour sa restauration, toujours en cours, mais qui plafonne à 2 300 €… La Mission patrimoine est donc la bienvenue, d’autant plus que le coût de la restauration est estimé à un million d’euros… Est prévue la rénovation des bétons, des murs, des portes, des fenêtres et des sols. « Les travaux devraient commencer d’ici à la fin de l’année », précise Jean-Laurent Kistler. Les intérieurs pourraient à terme être ouverts au public, pour des expositions et des séminaires.