20 Minutes (Strasbourg)

Numériser des magazines cultes, ça vaut le coût

Une entreprise alsacienne et un Britanniqu­e veulent numériser 160000 magazines et cherchent des financemen­ts

- Thibaut Gagnepain

Pas loin de 2 km d’étagères remplies par plus de 160 000 revues, soit environ 15 millions de pages rares stockées dans un entrepôt situé au sud-est de Londres… Voilà à quoi ressemble la plus grande collection de magazines du monde. «Le livre Guinness des Records » l’a attesté en 2012 : c’est bien le Britanniqu­e James Hyman qui la possède.

Et si cette collection était maintenant accessible depuis votre smartphone ? « Elle serait en ligne sur une plateforme et, comme sur Spotify pour la musique, on vous proposerai­t autre chose en fonction de ce que vous lisez », détaille Julien Gless. Le directeur général de la PME alsacienne Numerize n’est pas à l’origine du projet, mais il en fait désormais partie depuis qu’il a proposé les services de son entreprise, spécialisé­e dans la numérisati­on de documents, à l’ancien scénariste de la chaîne MTV dans les années 1990.

«Entre 4 et 6 millions d’euros»

« J’ai lu un article sur lui et j’ai décidé de le contacter. Pour son travail, il achetait toujours deux magazines, surtout anglophone­s comme Vogue, Rolling Stone ou Playboy et c’est comme ça qu’il s’est retrouvé avec plus de 50 000 exemplaire­s. Depuis, le total a grossi grâce aux dons et la collection grandit encore chaque année de 15 % à 20 %, explique l’entreprene­ur qui a vite été recontacté. James m’a dit qu’il avait déjà reçu beaucoup d’offres de boîtes comme la nôtre, mais je lui ai proposé quelque chose de plus. » « Entre Noël et le jour de l’An », 200 revues ont ainsi été numérisées « gratuiteme­nt » dans les locaux de la PME à Hoerdt, dans le Bas-Rhin. Surtout, Julien Gless s’est engagé à promouvoir la grande idée du collection­neur, baptisée « Hymag ». Pour voir le jour, le projet a besoin d’être financé. « Dans l’idéal, il faudrait entre 4 et 6 millions d’euros qui serviraien­t pour beaucoup aux droits d’auteur, mais on pourrait déjà commencer à numériser à partir de 500 000 € », estime-t-il encore, en lançant un appel aux investisse­urs intéressés. Une cagnotte en ligne a déjà été mise en place, mais elle peine à décoller, avec 25 000 £ récoltées à ce jour (environ 28 000 €). «Beaucoup de gens vont déjà voir la collection dans l’entrepôt, des producteur­s Netflix, même Kate Moss, mais ce contenu pourrait être accessible à tous. Il y a des magazines très rares, qu’on ne trouve pas sur Google», insiste le directeur général de l’entreprise française en citant une revue qui «date de 1800» ou des éditions limitées «introuvabl­es dans le commerce». Numerize a aussi tout à gagner en soutenant ce chantier colossal. « Pour notre image de marque, ça nous permettrai­t de passer de la PME à une entreprise de dimension internatio­nale » et pousserait à embaucher aussi. Pour la collection actuelle, le recrutemen­t de « six employés » supplément­aires serait nécessaire.

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Julien Gless tient un magazine «Rolling Stone» qui date des années 1970.

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