L’anxiété a moins infecté les volontaires en hôpitaux
Touchés aussi par l’anxiété liée à l’épidémie, les étudiants en médecine mobilisés en ont été cependant moins affectés
Les applaudissements leur étaient aussi destinés. Au printemps, en pleine première vague du Covid-19, de nombreux étudiants en santé s’étaient portés volontaires afin de renforcer les hôpitaux, Ehpad, Samu, officines, etc. Dans le Grand-Est, alors particulièrement touché par l’épidémie, l’agence régionale de santé avait même créé une plate-forme Internet afin de gérer au mieux les besoins et les renforts. Une étude a depuis été menée sur les étudiants en médecine de l’université de Strasbourg, particulièrement sur ceux de 2e à 6e année. Son but ? « A l’origine, le doyen de la faculté voulait valoriser leur engagement dans la lutte contre la pandémie, explique le professeur Thierry Pelaccia, qui a dirigé ce travail. Cela nous a aussi permis de mesurer leur anxiété et permettre de voir si elle avait augmenté ou non avec la crise, d’autant que nous avions une base de comparaison qui datait de 2018. »
Près de 80 % des élèves sollicités ont répondu, soit 1 165 questionnaires exploitables. Pour un résultat assez prévisible : la population interrogée est sensiblement plus anxieuse avec le Covid-19. Les cas d’anxiété « élevée » ont doublé et les cas d’anxiété « sévère » ont presque quadruplé. « Nous ne partions avec aucun a priori et les résultats nous ont surpris, précise le médecin, qui exerce en parallèle au Samu. Car oui, il y a une dégradation mais les chiffres qu’on a obtenus se retrouvent dans les fourchettes hautes des études d’anxiété sur les étudiants en médecine hors situation exceptionnelle. Ce qui n’était pas le cas ici. » Surtout, l’anxiété touche moins ceux qui se sont portés volontaires pendant cette première vague. Sur les 1 165 interrogés, ils étaient 481 à être répartis dans les différents services d’Alsace, dont 243 qui avaient choisi d’être en première ligne. « L’anxiété ne persiste de manière élevée et sévère que chez ceux qui sont restés chez eux, pas forcément par choix. L’idée n’est pas d’opposer d’éventuels héros à des planqués », ajoute Thierry Pelaccia, avant d’interpréter ces résultats. « Face à une situation stressante, c’est l’activité qui permet de préserver une certaine santé mentale. D’autre part, ceux qui se sont engagés ont vu la situation comme une opportunité de développer de nouvelles compétences.» Le professeur, dont l’étude a été publiée dans le journal scientifique Internal and Emergency Medicine, entend poursuivre son travail. Avec des résultats un brin prévisibles, là encore. « La souffrance étudiante ne fait que de se dégrader depuis la première vague… »
« L’activité permet de préserver une certaine santé mentale. » Pr Thierry Pelaccia