20 Minutes (Strasbourg)

L’anxiété a moins infecté les volontaire­s en hôpitaux

Touchés aussi par l’anxiété liée à l’épidémie, les étudiants en médecine mobilisés en ont été cependant moins affectés

- Thibaut Gagnepain

Les applaudiss­ements leur étaient aussi destinés. Au printemps, en pleine première vague du Covid-19, de nombreux étudiants en santé s’étaient portés volontaire­s afin de renforcer les hôpitaux, Ehpad, Samu, officines, etc. Dans le Grand-Est, alors particuliè­rement touché par l’épidémie, l’agence régionale de santé avait même créé une plate-forme Internet afin de gérer au mieux les besoins et les renforts. Une étude a depuis été menée sur les étudiants en médecine de l’université de Strasbourg, particuliè­rement sur ceux de 2e à 6e année. Son but ? « A l’origine, le doyen de la faculté voulait valoriser leur engagement dans la lutte contre la pandémie, explique le professeur Thierry Pelaccia, qui a dirigé ce travail. Cela nous a aussi permis de mesurer leur anxiété et permettre de voir si elle avait augmenté ou non avec la crise, d’autant que nous avions une base de comparaiso­n qui datait de 2018. »

Près de 80 % des élèves sollicités ont répondu, soit 1 165 questionna­ires exploitabl­es. Pour un résultat assez prévisible : la population interrogée est sensibleme­nt plus anxieuse avec le Covid-19. Les cas d’anxiété « élevée » ont doublé et les cas d’anxiété « sévère » ont presque quadruplé. « Nous ne partions avec aucun a priori et les résultats nous ont surpris, précise le médecin, qui exerce en parallèle au Samu. Car oui, il y a une dégradatio­n mais les chiffres qu’on a obtenus se retrouvent dans les fourchette­s hautes des études d’anxiété sur les étudiants en médecine hors situation exceptionn­elle. Ce qui n’était pas le cas ici. » Surtout, l’anxiété touche moins ceux qui se sont portés volontaire­s pendant cette première vague. Sur les 1 165 interrogés, ils étaient 481 à être répartis dans les différents services d’Alsace, dont 243 qui avaient choisi d’être en première ligne. « L’anxiété ne persiste de manière élevée et sévère que chez ceux qui sont restés chez eux, pas forcément par choix. L’idée n’est pas d’opposer d’éventuels héros à des planqués », ajoute Thierry Pelaccia, avant d’interpréte­r ces résultats. « Face à une situation stressante, c’est l’activité qui permet de préserver une certaine santé mentale. D’autre part, ceux qui se sont engagés ont vu la situation comme une opportunit­é de développer de nouvelles compétence­s.» Le professeur, dont l’étude a été publiée dans le journal scientifiq­ue Internal and Emergency Medicine, entend poursuivre son travail. Avec des résultats un brin prévisible­s, là encore. « La souffrance étudiante ne fait que de se dégrader depuis la première vague… »

« L’activité permet de préserver une certaine santé mentale. » Pr Thierry Pelaccia

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L’hôpital Emile-Muller, de Mulhouse, a reçu le renfort d’étudiants volontaire­s.

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