Temporiser plutôt qu’annoncer un reconfinement, le pari risqué d’Emmanuel Macron
Emmanuel Macron a opté pour un renforcement des mesures de restriction
Il a finalement démenti les rumeurs autour d’un confinement imminent. Emmanuel Macron a préféré opter pour un renforcement des mesures de restriction face à la menace d’une nouvelle vague de Covid-19. « Faisons tout pour freiner l’épidémie ensemble», a tweeté le chef de l’Etat samedi soir, au lendemain des annonces de son Premier ministre, Jean Castex. Les frontières sont désormais fermées aux personnes extérieures à l’Union européenne, et les centres commerciaux non alimentaires de plus de 20 000 m2 doivent baisser le rideau. « Ce sont des endroits de brassage à risque, surtout avec un variant anglais qui se transmet plus facilement », assure Anne Genetet, députée LREM d’Asie-Océanie-Europe orientale.
Matignon met en avant les raisons économiques et sociales, au-delà des aspects sanitaires. « Après un an de crise et d’usure, le moral des troupes est regardé davantage, et ce paramètre psychique est devenu l’un des facteurs-clés», avance l’entourage de Jean Castex. «Cette décision du président, prise contre l’avis des technocrates, est un tournant stratégique majeur dans cette guerre contre le virus», veut croire Bruno Bonnell. Le député LREM du Rhône estime que, «avec l’arrivée des vaccins, le confinement n’est plus la bonne stratégie. Il va désormais falloir accepter progressivement de vivre avec le virus. C’est un pari risqué mais audacieux pour ne pas s’enferrer dans le stop and go des confinements. » Si le gouvernement choisit ce non-confinement, c’est que l’évolution du variant anglais est moins importante que prévu. Selon le ministre de la Santé, Olivier Véran, sa circulation « s’intensifie de 50 % chaque semaine, mais de manière moins intense qu’à l’étranger, où des hausses de 70 % à 100 % ont été relevées », a-t-il dit dimanche dans Le JDD.
Reste que cette communication élyséenne est risquée sur le plan politique. A droite comme à gauche, l’opposition fustige déjà le gouvernement, qui a fait « monter la menace du confinement ces derniers jours ». Et en cas de rebond épidémique, l’exécutif risque d’être accusé de ne pas avoir confiné le pays assez tôt. Une attaque balayée par l’entourage du Premier ministre : « Si les prédictions d’une vague violente se concrétisent, des mesures plus restrictives seront prises. Mais on pourra dire qu’on a tout fait pour éviter le confinement. »
«Avec les vaccins, le confinement n’est plus la bonne stratégie. »
Bruno Bonnell, député LREM