20 Minutes (Strasbourg)

La majorité veut éviter les polémiques

Le projet de loi sur les « séparatism­es » est débattu dès ce lundi

- Thibaut Le Gal

Après de longs mois de préparatio­n, le texte contre les «séparatism­es» arrive en séance à l’Assemblée nationale à partir de ce lundi. L’objectif affiché du projet de loi « confortant le respect des principes de la République» est de permettre une lutte plus efficace contre l’islamisme, « terreau » du terrorisme djihadiste, selon l’exécutif. « C’est un texte fort, un texte qui fera date », a estimé le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, à l’issue du débat en commission spéciale, le 23 janvier. Le gouverneme­nt espère désormais trouver un consensus sur les bancs de l’Assemblée.

La question du voile écartée

S’appuyant sur le discours d’Emmanuel Macron aux Mureaux (Yvelines) d’octobre, le texte prévoit des mesures diverses sur la neutralité du service public, la lutte contre la haine en ligne, le contrôle renforcé des associatio­ns, une meilleure transparen­ce des cultes et de leur financemen­t, ou la lutte contre les certificat­s de virginité et les mariages forcés. La majorité a écarté la question du voile, potentiell­ement inflammabl­e. L’amendement visant à l’interdire pour les petites filles, porté par les élus macroniste­s Aurore Bergé et Jean-Baptiste Moreau, a été jugé «irrecevabl­e» en amont. La commission a aussi écarté l’interdicti­on du port de signes religieux ostensible­s dans les université­s ou pour les accompagna­nts scolaires, portée par des élus LR. «Il y avait un risque d’amalgame, de blesser nos concitoyen­s de confession musulmane avec des polémiques stériles», assure l’élue LREM d’Isère Caroline Abadie. Le débat risquait aussi de diviser la majorité : «Ceux qui veulent parler du voile sont minoritair­es, poursuit-elle. Mais on en a discuté en interne pour éviter l’implosion du groupe.» Les débats pourraient être plus houleux qu’espéré au sein de l’hémicycle, où quelque 2 650 amendement­s ont été déposés. Le Rassemblem­ent national et LR ont préparé leur contre-projet et appellent le gouverneme­nt à des mesures plus fermes. Du côté de LFI, on dénonce un texte stigmatisa­nt. « C’est une loi discrimina­nte contre les musulmans, concordata­ire, car l’Etat n’a pas à se mêler des religions », assure l’élu insoumis de Seine-Saint-Denis Eric Coquerel.

«On s’attend à ce que les discussion­s soient plus politiques, ce lundi.» Caroline Abadie, élue LREM

Les délicats sujets de l’instructio­n scolaire à domicile ou du financemen­t des cultes par location d’immeubles devraient aussi agiter l’Assemblée. « Tous les groupes sont d’accord sur l’objectif final du texte et les débats en commission ont été de haute volée, salue Caroline Abadie. Mais on s’attend à ce que les discussion­s soient plus politiques [ce] lundi, avec des amendement­s de posture, comme c’est souvent le cas en séance.» Face aux critiques de l’opposition, la majorité espère néanmoins s’afficher unie.

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« C’est un texte fort», a estimé le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.

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