«C’est un des plus beaux moments de ma carrière»
Vainqueur du gros globe de cristal, Alexis Pinturault revient sur son exploit
Les vacances approchent pour Alexis Pinturault (30 ans), mais, juste avant, le récent vainqueur du globe de cristal en ski alpin honore une éreintante tournée médiatique. Après vingtquatre ans de disette pour la France dans la discipline, il fallait au moins ça.
Est-ce que vous réalisez ce que vous venez d’accomplir, en dépit de cette ébullition médiatique depuis l’obtention du gros globe? J’ai eu le temps de réaliser. Il me reste encore quelques jours à fond, mais ce n’est plus du sportif. Après ça, je pourrai me reposer et prendre du recul. Mais j’ai parfaitement réalisé. C’est un moment remarquable, qui restera un des plus beaux de ma carrière.
Vous vous sentez délesté d’un poids? Pas vraiment, dans le sens où, certes, ça a toujours été un objectif et j’ai toujours essayé de faire le nécessaire pour aller le chercher. Mais ça ne fait réellement que trois saisons où on est parfaitement prêts à pouvoir aller jouer ce gros globe. L’an dernier, l’arrivée du Covid-19 a tronqué la saison et qui m’a considérablement handicapé au moment où les choses se sont arrêtées. Mais, cette année, les choses ont fonctionné. Du coup, je n’ai pas envie de dire que c’est un soulagement, mais quand on atteint des objectifs de carrière, c’est forcément une étape qu’on franchit. Il y a la période d’euphorie, puis vient le temps de l’assimilation et, enfin, celui où l’on trouvera de nouveaux objectifs. Vous évoquez la fin de saison 20192020 raccourcie à cause du Covid. Cette année, vous avez bénéficié de l’annulation des finales en vitesse... Bien sûr. La grosse différence, c’est que, cette année, on sortait d’un week-end de technique, après lequel j’étais quand même en tête du général. L’an dernier, c’était sans arrêt la balance et, finalement, tout s’est arrêté quand la balance n’était pas penchée de mon côté. Cette année, j’ai été en tête presque du début jusqu’à la fin, donc la situation était légèrement différente. C’est sûr que dans une carrière, dans une saison, dans une vie, il y a toujours des moments qui tournent plus ou moins en notre faveur et cette année, c’était la mienne. Avant les larmes de joie il y a eu celles d’angoisse en Slovénie.
A quel niveau de pessimisme vous situez-vous quand vous loupez cette seconde manche?
[Rires] Relativement haut! Après coup, je comprends quand même que j’étais en train de faire une super saison, parmi les meilleures de ma carrière, pour ne pas dire la meilleure. Mais, au moment où ça se passe et la manière dont ça se passe font qu’il y a beaucoup de tensions présentes. Je me souviens que la pression venait de toutes parts : des coachs, des partenaires... Parce qu’au fond, la pression individuelle qui grandit parce que les choses arrivent à leur dénouement, j’ai l’habitude de la gérer. Ce qui était nouveau, c’était cette pression du monde extérieur, des gens qui m’entourent en général. Le fait qu’eux soient stressés m’angoissait et rendait la situation tendue, en tout cas davantage qu’elle n’aurait dû l’être.