20 Minutes (Strasbourg)

La force des panneaux photovolta­ïques passe aussi par l’arrière

L’évolution technologi­que du photovolta­ïque permet d’utiliser de plus en plus la face arrière d’un panneau, et de produire plus d’électricit­é

- Fabrice Pouliquen

Un sol calcaire plutôt que de l’herbe verte. De la neige plutôt qu’une terre brune. Quelle surface est-elle la plus judicieuse pour implanter une centrale électrique solaire ? Vous savez, ces alignement­s de panneaux photovolta­ïques qui commencent à fleurir aux abords des autoroutes. Jusque-là, la question se posait peu. « L’albédo, c’est-à-dire la capacité d’un sol à réfléchir la lumière du soleil, n’était pas un critère pris en compte dans la sélection des sites, explique

Benoît Posté, chef de projet innovation chez Engie Green, filiale d’Engie spécialisé­e dans les énergies renouvelab­les. Car, sur les panneaux standards, seule la face avant, directemen­t exposée au soleil, compte. La face arrière se résume pour l’essentiel à faire passer un enchevêtre­ment de fils. » Mais cela pourrait changer avec l’arrivée des panneaux photovolta­ïques bifaciaux. Sur ces modèles, la face arrière aussi capte la lumière, celle reflétée par son environnem­ent. Le sol essentiell­ement. D’où l’importance de prendre en compte son albédo. « Plus la teinte sera claire, meilleur sera le pouvoir de réflexion, et inversemen­t », explique Benoît Posté. La technologi­e bifaciale n’est pas nouvelle, préciset-il : « Le premier brevet date de 1966. Mais les évolutions technologi­ques ont fait que, aujourd’hui, les écarts de prix avec les panneaux monofaciau­x se réduisent. »

Au point que le bifacial devienne la technologi­e standard ? L’édition 2020 de l’Internatio­nal Technology Roadmap for Photovolta­ics, une feuille de route des acteurs de l’industrie photovolta­ïque, prévoyait que la part du marché des modules photovolta­ïques bifaciaux augmentera pour atteindre 45 % des nouvelles installati­ons en 2024 et 70 % en 2030. De quoi augmenter fortement la production d’électricit­é du photovolta­ïque. À condition de réfléchir à la façon d’implanter ces panneaux bifaciaux. L’albédo ne sera pas le seul critère à prendre en compte. « Il faudra aussi jouer sur la hauteur des tables [sur lesquelles sont apposés les panneaux], sachant que, plus elles sont hautes, plus il y aura de la lumière dessous », ajoute Benoît Posté. Engie Green va ainsi tester quatre centrales solaires bifaciales, notamment sur des sites avec des albédos variés. La première sera mise en service dans le courant de l’automne. Les autres suivront d’ici à avril 2023.

Les modules bifaciaux pourraient concerner 70 % des nouvelles installati­ons en 2030.

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J. Witt / Sipa La centrale solaire de Cestas (Gironde), mise en tension en 2015, compte près de 1 million de panneaux solaires répartis sur une superficie d’environ 250 ha.

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