Abstention Ils ne se sont pas privés de faire sa fête au vote
« 20 Minutes » a demandé à ses internautes pourquoi ils ont boudé le premier tour des régionales, dimanche
Ça a commencé par une impression. « Tiens, il n’y a pas grand monde dans le bureau de vote. » Et ça s’est confirmé dans la soirée. Avec un taux fixé entre 66,1 % et 68,6 %, selon les instituts de sondage, l’abstention lors du premier tour des élections régionales et départementales dimanche a été la plus forte de tous les scrutins de la Ve République, hors référendum. Pourquoi ? C’est ce que nous avons demandé à ceux, parmi nos internautes, qui ne se sont pas rendus aux urnes.
Première explication, et la plus logique : pour aller voter, il faut savoir qu’il y a des élections. Or, « mes amis et moi, on ne savait même pas qu’il fallait aller voter », assure Lucas, 23 ans. Peutêtre font-ils partie des électeurs malchanceux qui n’ont pas reçu les professions de foi des candidats dans leur boîte aux lettres.
Difficile, dès lors, sans programme de présentation, de choisir son candidat. « Nous avons pris cela comme un manque de respect, et une nouvelle inégalité entre les zones urbaines et rurales, pestent Albéric, 55 ans, et sa femme. Nous voterons au second tour si nous recevons à temps les professions de foi. » Deuxième explication avancée : une défiance tenace envers les politiques. « J’ai toujours voté depuis que j’ai 18 ans, mais, aujourd’hui, à 43 ans, je ne crois plus en ces personnes qui nous représentent, explique Peggy. Les débats sont stériles, chacun défend son petit morceau de pouvoir, se rejette la faute. Rien de constructif n’en ressort, malheureusement. » Richard, 56 ans, abonde : « Nous méritons un autre débat, celui des idées claires, des véritables enjeux. » Et même si l’on s’en tient aux idées et mesures proposées par les candidats, « quel est l’intérêt d’aller voter pour un programme qui n’a aucune obligation légale d’être tenu ? » demande Claire, 23 ans.
Moderniser le système
Troisième argument avancé par nos internautes, qui revient à chaque élection comme les marrons chauds à l’approche de Noël, celui du vote blanc. « Tant qu’il n’aura pas une vraie reconnaissance, cela restera le même cirque », avance Rémi, 32 ans. Clément, 30 ans, plaide, lui, pour une modernisation du système de vote, qui correspondrait davantage aux usages actuels : « C’est un système archaïque, qui ne convient plus à la nouvelle génération. J’aimerais que mon engagement politique passe par un vote numérique, simplifié et réalisable de n’importe où, en quelques minutes. Peut-être via mon numéro fiscal ou numéro de sécurité sociale, plaide le jeune homme de 30 ans. Aujourd’hui, je ne sais pas sur quelle liste électorale je suis enregistré et comment en changer et je ne veux pas m’en préoccuper. »