À mi-chemin entre « transport fiable » et « cauchemar »
La Mairie de Paris menace de ne pas reconduire l’autorisation des engins en libre-service sur l’espace public. Nos lecteurs sont divisés sur cette éventualité
On n’avait pas connu débat plus enfiévré depuis bien longtemps. Car la question de savoir s’il faut ou non interdire les trottinettes en libreservice à Paris enflamme les lecteurs, qui ont répondu à notre appel à témoignages. Pour rappel, le 29 septembre, la Mairie de Paris a sommé les trois opérateurs de trottinettes en « free-floating » de trouver, d’ici un mois, des solutions afin de limiter les usages dangereux et l’encombrement des rues.
Honneur à celles et ceux, minoritaires, qui souhaitent le maintien du « freefloating », principalement en raison de l’absence ou de la défaillance des transports. Ainsi, Olivier, qui vit sur la ligne 13, avance que « les trottinettes répondent aux limites évidentes de la ligne, bondée quand elle fonctionne ». « La voiture est devenue impossible, le métro est souvent en retard […], la trottinette permet de faire tous ces trajets pour lesquels les Parisiens n’ont pas d’autres solutions », appuie Manon. « Pourquoi nous enlever ce moyen de transport fiable et non polluant à l’heure où il n’est plus possible de circuler autrement ? », s’interroge Louise. Camille va plus loin, et estime que « l’usage de trottinettes en ville est l’un des moyens de transport qu’il faut encourager ». Elle se dit même prête à rédiger « une plainte si l’usage de ces trottinettes est prohibé ».
« Je rase les murs »
Évidemment, pour les opposants aux trottinettes en libre-service, c’est tout autre chose. Principal grief : la sécurité. « Je rase les murs de peur d’être heurtée par l’une d’entre elles », témoigne Mathilda, pour qui « marcher à Paris sur les trottoirs est de plus en plus dangereux ». « Je travaille en hôpital pédiatrique et j’en ai marre de voir des enfants hospitalisés pour quelque chose qui pourrait être évité », abonde Mélina. On l’a toutes et tous vu, la cohabitation avec les piétons est compliquée. Mais elle l’est aussi avec les autres moyens de locomotion. Pour Aurélie, « cycliste dans Paris depuis trois ans », « les trottinettes en libre-service sont un cauchemar. Je ne compte plus le nombre de trottinettes ‘‘abandonnées’’ au milieu de la piste cyclable, mal garées, qui circulent à contresens sur la route et/ou la piste cyclable. » Chauffeur de taxi, Daniel « assiste tous les jours à des comportements, non seulement dangereux, mais aussi stupides ». Selon lui, « le respect est la clé de voûte d’une bonne entente entre les citoyens et, malheureusement, à Paris, on est en pleine pénurie ».
Enfin, Stéphane assure, lui, que « les trottinettes ne sont pas des solutions de décarbonation pour Paris ». « Elles ne réalisent que de petits trajets qui se font facilement à pied ou en transports en commun, ajoute-t-il. Leur cycle de vie global [de leur construction jusqu’à la fin de leur utilisation] est des plus polluants. » Et Julien de conclure : « Marcher, c’est bien aussi. »