20 Minutes (Strasbourg)

La Comédie-Française, une scène qui déménage

- Caroline Vié

Laurent Lafitte a quitté la Comédie-Française après douze ans de maison et une dernière représenta­tion triomphale de     Une catastroph­e ? Cela fait éclater de rire Éric Ruf, comédien, metteur en scène et administra­teur de l’institutio­n depuis 2014. « Laurent est une perle d’un chapelet qui se déroule depuis 1680, confie-t-il à  . Personne, aussi talentueux soit-il, n’est irremplaça­ble, à commencer par moi ! Le public du Français ne vient pas voir des vedettes, il est avant tout attaché à la troupe. »

Il n’empêche que de nombreux grands acteurs populaires comme Pierre Niney, Isabelle Adjani ou Michel Galabru sont passés par la Comédie-Française. Et de grands d’aujourd’hui comme Benjamin Lavernhe, Denis Podalydès, Florence Viala, ou Suliane Brahim sont toujours présents sur les planches, sans compter les nouveaux qu’Éric Ruf déniche avec un flair remarquabl­e. « Quand j’engage un jeune, je me dis parfois qu’il sera peut-être un jour la doyenne ou le doyen », plaisante-t-il.

Depuis son arrivée, les rangs ont gagné en diversité. Si la parité n’est pas encore tout à fait atteinte, Éric Ruf la prend très à coeur. « C’est important de varier les profils pour montrer aux jeunes que la ComédieFra­nçaise leur est accessible, qu’ils y sont chez eux », insiste-t-il. Une direction qui fonctionne sur scène comme dans les salles de cinéma, où des captations des pièces connaissen­t un énorme succès.

Du théâtre au grand écran

Le Français a le vent en poupe. Éric Ruf mène sa barque en capitaine pour permettre à ses interprète­s d’apparaître de plus en plus souvent au cinéma. « Il y a eu toute une époque où on cherchait des acteurs et des actrices plus « naturels » que ceux qui venaient du théâtre, explique-t-il. Les gens en sont revenus. Il est maintenant tout à fait à la mode de faire appel à des comédiens du Français, qui apportent leur discipline et leur côté bosseur avec eux. » Il suffit de regarder les génériques des films français actuels pour en être convaincu.

Ce principe de vases communican­ts a fait qu’Éric Ruf lui-même est apparu récemment en cardinal de Richelieu dans le diptyque   . « Tout le monde y trouve son compte, la Comédie-Française comme les cinéastes. Même si cela me donne des migraines quand il s’agit de gérer tout cela, je suis enchanté de cette évolution », constate Éric Ruf. Il doit en effet, produire 900 représenta­tions par an en jonglant avec ses 60 interprète­s, lesquels ont parfois des tournages ou d’autres engagement­s.

Il ne sait pas encore qui prendra la place laissée vacante par Laurent Lafitte : tout dépendra des prochaines production­s de la troupe et des besoins qu’elles nécessiten­t. « Laurent Lafitte a dit qu’il reviendrai­t volontiers dans trente ans si on a quelque chose pour lui. Il ne serait pas le premier à le faire », plaisante l’administra­teur. En attendant, la Comédie-Française attend ses nouveaux talents de pied ferme.

L’institutio­n sait entretenir et renouveler son panel d’artistes, qui s’illustrent aussi en dehors des planches

« C’est important de varier les profils pour montrer aux jeunes que la Comédie-Française leur est accessible. » Éric Ruf, administra­teur de la Comédie-Française

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 ?? ?? Laurent Lafitte vient de quitter la Comédie-Française, dont Éric Ruf (en médaillon) est l’administra­teur général. J. Pachoud / AFP
Laurent Lafitte vient de quitter la Comédie-Française, dont Éric Ruf (en médaillon) est l’administra­teur général. J. Pachoud / AFP
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