Touchée par la grâce ?
François Hollande reçoit ce vendredi les enfants de Jacqueline Sauvage, condamnée pour avoir tué son mari violent. Une pétition réclamant sa libération a déjà recueilli plus de 380 000 signatures.
L ’émotion est une donnée difficilement quantifiable. Ce sont pourtant deux chiffres qui expliquent la mobilisation autour de Jacqueline Sauvage. D’abord, les quarante-sept années de viols et violences répétées que son mari lui a fait subir. Et surtout, la peine de dix ans de prison à laquelle elle a été condamnée, en appel le 3 décembre 2015, pour l’avoir tué de trois coup de fusil dans le dos. Rien de mathématique donc. Mais ces deux chiffres ont conduit plus de 380 000 personnes à demander, dans une pétition, une grâce présidentielle à François Hollande. Le chef de l’Etat a annoncé qu’il recevrait, ce vendredi, les enfants et les avocats de la sexagénaire. « Pour les écouter » sans présager de la suite à donner.
Quelques précédents
« C’est surtout la lourdeur de la peine qui explique cette mobilisation », pense Eléonore Stevenin, porte-parole d’Osez le féminisme. Car Jacqueline Sauvage n’est pas la première à avoir tué un conjoint violent. La dernière enquête de la délégation aux victimes précise que cinq des vingt- trois femmes qui ont assassiné leur compagnon en 2014 étaient, avant ça, leur souffre-douleur. « Ça a toujours existé, rappelle l’avocat Pierre-Olivier Sur. Il y a vingt ans, je me souviens avoir défendu une teinturière qui avait tué son mari alcoolique et violent. Elle avait été condamnée à cinq ans avec sursis. » Docteure en psychopathologie, Hélène Romano avance, elle, le contexte particulier pour justifier le mouvement de soutien. « Après les attentats, François Hollande s’est posé en père protecteur, assure-telle. Les gens s’adressent à lui car ils ont besoin d’être rassurés sur l’état de la société. » Ils veulent donc savoir si elle considère un mari violent comme une victime et une femme victime comme un coupable. Depuis, le 19 janvier, une délégation de l’Assemblée nationale planche sur l’épineuse question de la légitime défense. Cellelà même qui a été refusée à Jacqueline Sauvage lors de son procès. François Hollande a l’occasion de donner une nouvelle réponse à cette question. Depuis son élection, il n’a accordé qu’une seule grâce présidentielle.