Djoko, du minot au robot « Encore fragile à l’époque »
Le Français Marc Gicquel a affronté le Serbe à ses débuts
Novak Djokovic repousse chaque jour un peu plus les limites de la décence. Jeudi, en demi-finale de l’Open d’Australie, il a réussi à nous faire prendre en pitié Roger Federer, humilié pendant deux heures avant d’accrocher un set pour l’honneur (6-1, 6-2, 3-6, 6-3). Par nostalgie d’un temps que les moins de 10 ans ne peuvent pas connaître, on s’est replongé dans les archives personnelles du n° 1 mondial pour trouver trace de sa première victoire en tournoi. Juillet 2006, à Amersfoort aux Pays-Bas. Sur sa route, en quarts de finale, le Français Marc Gicquel, battu en deux manches. « Ce serait prétentieux de dire que je savais qu’il allait finir par gagner tous ces Grands Chelems, prévient d’emblée le Breton, désormais retraité. En 2006, il avait quoi ? 18 ans. A cet âge-là, il peut encore se passer tellement de choses. En plus, il n’était pas de ma génération et je ne suis pas sûr qu’il était très fort en juniors. » Pas franchement, non. Une 24e place mondiale au mieux après une demi-finale à Melbourne, en 2004. Pourtant, la progression est indiscutable. Gicquel avait déjà perdu deux fois face à Djokovic avant les Pays-Bas. « C’était un mec solide, c’est sûr, qui se déplaçait plutôt bien sur le court, se souvient le Français. Et déjà bagarreur. J’avais le break d’avance à chaque fois et il s’est accroché. Mais il était encore un peu fragile à l’époque. » C’est en effet la période où le Serbe s’empiffre de gluten toute la journée. Un mois avant de soulever son premier trophée, il abandonne en quarts de finale de Roland-Garros contre Nadal, alors largement au-dessus. « Contre moi, je n’ai pas le souvenir qu’il ait fait du cinéma, croit se souvenir Gicquel. Mais quand il est devenu un peu médiatique, il jouait un peu de cet aspect-là, à cause de ses allergies, comme s’il ne pouvait plus respirer. Il agaçait un peu tout le monde. » On parle d’un autre temps.