Etre soutenu au travail est capital en cas de cancer
A l’occasion de la Journée contre le cancer, des malades évoquent le soutien de leur employeur
Chaque jour en France, un millier de personnes apprennent qu’elles ont un cancer. Parmi elles, 400 travaillent. Comme Maud*, 57 ans. Elle a découvert sa tumeur il y a un an. Si certains cachent leur maladie, Maud a choisi de prévenir son équipe. « Avant mon départ, une responsable est venue me voir, raconte-t-elle. Elle m’a dit que je pouvais la joindre à tout moment, que mon poste m’attendrait et elle m’a parlé de ma future reprise. Ces propos m’ont permis de partir au bloc en me focalisant seulement sur ma santé. Ce n’est pas le cas pour tout le monde. A l’hôpital, j’ai rencontré des malades qui avaient peur de perdre leur job ou d’être placardisés… La plupart du temps, c’était davantage un fantasme qu’une réalité. La maladie rend très paranoïaque. Mais leurs employeurs n’avaient pas su les rassurer. » Ni parfois même les accompagner. « Certains avaient des ruptures dans leurs rémunérations, d’autres devaient gérer un tas de papiers administratifs, reprend-elle. Moi, mon entreprise se chargeait de tout. Grâce à ce soutien, j’ai réussi à ne pas être trop négative et cela a joué dans ma rémission. » Si l’entreprise de Maud – le groupe pharmaceutique Roche – a si bien géré la situation, c’est parce qu’elle s’y est formée. « Nous avons rencontré l’association Cancer@Work**, dont l’objectif est de faire évoluer les mentalités et les pratiques au sein des entreprises, explique le DRH, Jacques Tournier. Nous avons communiqué de façon proactive sur ce partenariat et cela a libéré la parole. Nous avons pu recenser les bonnes pratiques et nous avons rédigé un guide à l’attention des collaborateurs directement, mais aussi indirectement frappés par la maladie. » Comme Philippe Paret, directeur de l’excellence opérationnelle chez Roche. Il y a deux ans, on diagnostique un cancer à son épouse. Son entreprise s’organise alors pour lui permettre de s’absenter de temps à autre pour accompagner sa femme à l’hôpital. « Bien sûr, il est plus difficile d’adapter des horaires et des missions dans une PME, concède-t-il. Mais rien n’empêche une posture ouverte sur le sujet. Dans cette difficulté, nous avons tous à y gagner. » C’est la conviction d’Anne-Sophie Tuszynski, qui a fondé Cancer@Work, après avoir été frappée par le cancer. « De la même manière que la maladie peut rendre une personne plus forte, elle peut rendre une entreprise plus performante », conclut-elle.