Une fonction vitale
Dans son livre « Docteur, j’ai encore une question », le Pr Philippe Descamps rappelle la nécessité d’une relation de confiance entre la patiente et son gynécologue. Pour éviter le pire.
Certaines mettent des années à trouver le bon. Celui avec qui elles se sentiront en confiance et libres de poser toutes leurs questions. Contraception, frottis, sexualité, cancer, autant de sujets qu’il n’est pas toujours facile d’aborder avec son gynécologue. Avec la parution ce mercredi de Docteur, j’ai encore une ques
tion… (éd. Larousse), le Pr Philippe Descamps, gynécologue obstétricien et chef du pôle femme-mère-enfant au CHU d’Angers, cherche à briser les tabous. « Si la consultation dure dix minutes ou si le praticien a des gestes un peu brutaux, il faut changer de gynécologue, explique d’emblée Philippe Descamps. Il faut que la patiente se sente en confiance avec lui, dans l’intérêt de sa santé. »
Des sujets intimes
Et pour cause, 40 % des femmes négligent le frottis régulier. C’est pourtant, avec le vaccin contre le papillo- mavirus (HPV), le meilleur barrage contre le cancer du col de l’utérus. « Il faut avoir d’autant plus d’égards que l’on aborde une sphère intime, préconise Clara De Bort, directrice d’hôpital et responsable du pôle de réserve sanitaire à l’Etablissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (Eprus). Il ne faut pas oublier l’impact d’un geste ou d’une parole indélicate sur la personne. La gynécologie est une spécialité de dépistage, donc si une femme arrête d’aller chez le gynécologue, c’est pour elle une vraie perte de chances en termes de santé. Un retard de diagnostic entraîne un risque de mort. » Ainsi, ce n’est parfois qu’à la fin de la consultation, lorsqu’elle a la main sur la porte, qu’une patiente finit par dévoiler le véritable objet de sa visite. « Il y a des sujets, comme les IST (infections sexuellement transmissibles), qui provoquent honte et culpabilité », précise le Dr Descamps. D’autres sujets peuvent aussi être trop douloureux et intimes pour les patientes. Parmi les questions difficiles, la sexualité après un accouchement ou un cancer. « Le gynécologue est là pour accompagner la patiente, l’aider à briser les tabous, conclut le spécialiste. Il y a des conseils qu’il peut donner, mais le praticien peut aussi aiguiller sa patiente vers d’autres spécialistes, comme des sexologues ou des thérapeutes. »