Le contrat de défiance
EXCLUSIF - La réforme du Code du travail ne réduirait pas le chômage, selon 68 % des Français sondés par Harris Interactive pour « 20 Minutes ».
Les sondés se disent plutôt favorables au référendum en entreprise.
Six Français sur dix sont opposés à la réforme du Code du travail dessinée dans l’avant-projet de loi du gouvernement. Ce résultat est tiré d’un sondage exclusif réalisé par Harris Interactive pour 20 Minutes*. En outre, plus des deux tiers (68 %) des personnes interrogées estiment que la réforme El Khomri n’aura pas d’effet sur la réduction du chômage en France. A peine un tiers des sondés se disent favorables à l’avant-projet. Mais d’importants écarts peuvent être observés, notamment en fonction de l’orientation politique des membres du panel. La réforme du Code du travail recueille le soutien d’une majorité des sympathisants de droite et du centre (54 %), mais une très large majorité des sympathisants de gauche (66 %), du Front de gauche (89 %) et du Front national (79 %) la rejette. « Il y a une vraie difficulté pour François Hollande d’entraîner son électorat », observe Jean-Daniel Lévy, directeur du département politique et opinion de Harris Interactive. Pour le politologue, c’est la première fois que ce « décrochage » est si net. « Même à l’époque du pacte de responsabilité, une majorité de son électorat le suivait, reprend-il. Aujourd’hui les sympathisants de droite soutiennent cette réforme, on est à front renversé. » En outre, une majorité des personnes interrogées n’entrevoient guère d’effets positifs à la réforme du Code du travail. Pour plus de deux tiers des sondés, les mesures proposées ne permettront pas d’améliorer les conditions de travail des salariés. Invités à s’exprimer sur quatre mesures prévues par la réforme, les Français rejettent majoritairement le plafonnement des indemnités prud’homales en cas de licenciement abusif (68 %), l’élargissement des conditions du licenciement économique (58 %) et la possibilité de diminuer la rémunération des heures supplémentaires (56 %). Selon le sociologue Didier Demazière, il n’est guère surprenant que la première suscite une telle crispation. « Ce principe touche à la perte de l’emploi, une peur latente chez de nombreux Français. Le gouvernement touche à un symbole. » En revanche, ils sont 65 % à approuver le recours au référendum d’entreprise en cas de rejet d’un accord par les syndicats. « Le cas de l’entreprise Smart, où les salariés ont accepté de travailler plus sans gagner plus pour sauver des emplois, a marqué l’opinion publique », conclut Dider Demazière. * Enquête réalisée en ligne les 24 et 25 février par Harris Interactive auprès d’un échantillon de 1 182 personnes représentatif des Français âgés de 18 ans et plus, sélectionné selon la méthode des quotas.