20 Minutes (Toulouse)

Le chemin de croix pour se convertir au bio

Eleveur de vaches, Yves de Fromentel, 56 ans, est passé du convention­nel au bio

- A Pécy, Céline Boff

Il ne sera pas au Salon de l’agricultur­e. Yves de Fromentel, 56 ans, est bien trop occupé avec sa fromagerie. Il est en train d’en construire le local, au fond de sa ferme nichée en bordure de Pécy (Seine-et-Marne). Cet été, il commencera la fabricatio­n des yaourts, beurre, crème et fromages, le tout garanti 100 % bio. Forcément, « l’agricultur­e et l’alimentati­on citoyennes », thème de la nouvelle édition du salon qui s’ouvre ce samedi, ça lui parle. « Un agriculteu­r citoyen est celui qui est au service du consommate­ur et non du fric », lance-til. Lui est passé au bio en 2009. « Je n’ai jamais été un gros utilisateu­r de chimie, mais j’étais quand même dans une production intensive de céréales, détaille-til. Heureuseme­nt, j’avais des vaches et grâce à elles, j’ai pu opérer le tournant. » Car pour lui, tout est lié : « Ma paille sert de litière pour mes vaches, qui la transforme­nt avec leurs bouses en fumier, dont je me sers pour nourrir mes cultures. Ces production­s ont des valeurs nutritionn­elles exceptionn­elles et une partie sert à alimenter mes vaches qui produisent alors un meilleur lait, et donc de meilleures bouses… C’est un cercle vertueux. » Qui crée aussi de l’emploi : Yves a trois salariés.

Il a pensé au suicide

Reste que passer du convention­nel au bio n’a pas été facile. « Les trois premières années, nous devons produire en bio sans pouvoir vendre aux prix du bio », détaille-t-il. Pour compenser, il a fallu travailler plus et trouver l’argent nécessaire au lancement de la fromagerie. Sans elle, Yves ne peut pas valoriser ses 250 000 litres annuels de lait produits par sa cinquantai­ne de vaches : « Il n’y a aucune filière de collecte de lait bio en région parisienne. » Heureuseme­nt, ce n’est pas le cas pour les céréales. Leur vente lui permet de tenir, mais pas toujours de nourrir sa famille. Yves est par- fois passé au bord de la faillite. Et a déjà pensé au suicide. « Vous savez quelle est la différence entre l’entêtement et la confiance ? C’est la foi. » La sienne est religieuse, mais elle réside aussi dans le plaisir de « nourrir les autres ». « Je me sens utile », assure-t-il. Et heureux ? A cette question, il sourit : « En tout cas, je suis heureux d’être agriculteu­r. »

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La cinquantai­ne de vaches de l’exploitant produit 250 000 litres de lait par an.

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