Cultiver un autre modèle
L’agriculture écologiquement intensive pourrait constituer une source d’inspiration pour un monde paysan frappé durement par la crise.
«Fumier », « bon à rien », « connard ». C’est par ces insultes que François Hollande a été accueilli samedi matin à son arrivée au Salon de l’agriculture. « Les cris de détresse, je les entends, a tenté de dédramatiser le Président. La colère, je préfère qu’elle s’exprime à l’occasion de ce salon qu’à l’extérieur. » Le monde agricole français traverse une crise sans précédent : chute des prix , perte des parts de marché par rapport à ses concurrents européens et mondiaux. Dans Les Agriculteurs à la reconquête du monde, rédigé avec l’ingénieur agronome Maximilien Rouer (éditions JC Lattès), Hubert Garaud, président de Terrena, une coopérative de 25 000 agriculteurs, affirme pourtant que l’agriculture française peut sauver la France, si « les professionnels revoient en profondeur leur façon de travailler ». « Nous devons monter en qualité, en conjuguant économie et écologie », explique-il à 20 Minutes. Il prône l’agriculture « écologiquement intensive », ou agro-écologie : produire autant, voire plus, grâce à la régulation écologique. Cette agriculture écologiquement intensive séduit aussi le gouvernement. Le ministre Stéphane Le Foll a présenté dès 2012 son « projet agro-écologique pour la France » et une loi a été votée en septembre 2014. Mais ce projet n’a pas été accueilli avec grand enthousiasme par une partie de la profession, qui l’a assimilé à une contrainte supplémentaire. Pourtant, « sur le terrain, de nombreux agriculteurs démontrent chaque jour que cet objectif est possible à atteindre », insiste Jean-Claude Bévillard, responsable des questions agricoles à France Nature Environnement (FNE).