20 Minutes (Toulouse)

Touraine mise sur la sécu

« 20 Minutes » a suivi la ministre de la Santé au centre hospitalie­r de Saint-Denis, lundi. Face à la multiplica­tion des agressions, elle a annoncé des mesures pour protéger les soignants.

- Oihana Gabriel

«Ça va aller, Monsieur, vous êtes entre de bonnes mains », assure Marisol Touraine à un homme allongé, le front ensanglant­é. Si la ministre de la Santé était lundi soir aux urgences de l’hôpital Delafontai­ne, à Saint-Denis (SeineSaint-Denis), c’était pourtant pour rassurer le personnel. Voilà deux semaines, un médecin a eu les deux mains brisées par le frère d’un patient. « Il y a cette violence terroriste qui appelle des mesures de sécurité spécifique­s. Mais prévenir la violence terroriste, c’est aussi prévenir celle du quotidien », a assuré la ministre. Selon le dernier bilan de l’observatoi­re national des violences en milieu de santé (ONVS), en 2014, il y a eu 14 502 signalemen­ts d’atteintes aux personnes et aux biens (16 % de plus qu’en 2013). Et les urgences sont la cible de 15 % de ces agressions. A l’hôpital Delafontai­ne, le quotidien est ponctué d’injures et parfois de violences physiques. Trois soignants, un médecin, une psychiatre et un brancardie­r ont été violemment agressés ces dernières années. Pour beaucoup, l’établissem­ent de Saint-Denis n’est qu’un « décor » de cette violence qui commence dans les cités et se poursuit à l’hôpital. « Nous devons pallier le manque de médecins de ville, c’est pourquoi beaucoup de patients s’énervent quand ils attendent trop longtemps », souligne le Dr Marie-Clément Kouka, directeur des urgences.

75 millions débloqués

En réponse à ces agressions, la ministre a annoncé, lundi, un plan pour améliorer la sécurité des établissem­ents hospitalie­rs. Soixante-quinze millions d’euros seront débloqués sur trois ans pour financer, entre autres, des formations en matière de prévention et de réaction face aux violences, l’établissem­ent d’une carte des sites à protéger en priorité. « Chaque établissem­ent devra mettre en place un schéma de sécurité intérieure, financé par ce plan, et qui pourra passer par des caméras, des vigiles, des clôtures, des sas. » A l’hôpital Delafontai­ne, un vigile est présent depuis la nuit de l’agression. « Ma préoccupat­ion aujourd’hui, c’est d’attirer des médecins », reprend le directeur des urgences. Sur cinq postes à pourvoir, un seul a reçu une candidatur­e. Il faut dire que les conditions de travail sont difficiles... « Pour l’école, on a mis en place des zones d’éducation prioritair­e, ne faut-il pas faire de même pour les hôpitaux ? », lance le médecin.

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Marisol Touraine, le 22 avril 2015.
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La ministre était, lundi, au chevet du personnel de l’hôpital Delafontai­ne.

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