Petites soeurs du djihad
« 20 Minutes » a recueilli le témoignage d’une mère, dont la fille est partie en Syrie. Il fait écho au film « Le ciel attendra », en salle ce mercredi.
V alérie de Boisrolin a « perdu » sa fille Léa. Après s’être radicalisée de façon expresse à 16 ans, elle s’est volatilisée pour rejoindre la Syrie en 2013. Une histoire ressemblant étrangement à celle de Mélanie, l’un des personnages du film de Marie-Castille Mention-Schaar, Le Ciel attendra, qui sort en salle ce mercredi.
Comment était votre fille avant son départ pour la Syrie ?
Elle était pleine de vie. Elle avait des amis et comptait passer son bac commerce international. On parvenait toujours à discuter. Nous étions très fusionnelles.
Qu’avez-vous pensé du film « Le Ciel attendra » ?
J’ai retrouvé l’histoire de ma fille à travers Mélanie. Je me suis également retrouvée dans le personnage de Clotilde Courau, la maman qui n’a rien vu. Je conseille à tout le monde de voir ce film. Il faudrait même le projeter dans les classes pour alerter les adolescents. Si j’avais vu ce film à l’époque, ma fille ne serait jamais partie, j’aurais compris tous les signes : les vidéos qu’elle regardait, l’isolement, le fait qu’elle n’était plus coquette.
Pensez-vous que le regard des gens a changé sur la question ?
Pas trop encore. Beaucoup de personnes sont dans l’empathie, surtout celles qui ont des enfants du même âge que ma fille au moment de son départ. Mais il y a encore des gens qui sont persuadés que ça ne leur arrivera jamais.
Avez-vous encore des contacts avec votre fille ?
Nous avions repris contact, mais je n’en ai plus depuis le mois de juillet. Elle a eu un petit garçon en Syrie. Le quotidien qu’elle me décrivait était celui d’une maman dans sa maison. Nous n’avons jamais retrouvé la complicité que nous avions avant, c’est fini. Aujourd’hui, elle a 20 ans, ce n’est plus une enfant. Daesh a terminé son éducation. Je n’ai pas grand espoir de revoir ma fille un jour mais elle est toujours avec moi, elle me porte.