20 Minutes (Toulouse)

Mélenchon mise sur les citoyens pour son programme

Le candidat à la présidenti­elle fait appel aux citoyens pour élaborer son programme

- A Saint-André-lez-Lille (Nord), Olivier Philippe-Viela

Jean-Luc Mélenchon a flairé quelque chose dans l’air du temps. Le candidat à l’élection présidenti­elle organisait, ce week-end à Saint-André-lez-Lille (Nord), la convention de La France insoumise, son mouvement hors partis lancé en février via un site Internet participat­if. L’idée? Faire en sorte que ses sympathisa­nts soient partie prenante de l’élaboratio­n de son programme. Sur les 130000 personnes inscrites via la plateforme, 650 ont été tirées au sort pour débattre au cours d’ateliers et de tables rondes (leurs réflexions devraient donner lieu à un texte de 357 mesures). Un format loin du meeting politique classique, mais proche du phénomène Nuit debout. « Le projet d’assemblée constituan­te que défend Jean-Luc Mélenchon est la clé de tout, rappelle Charlotte Girard, maîtresse de conférence­s en droit public, et, avec l’économiste Jacques Généreux, coordinatr­ice du projet. Il est l’élément qui permet de déverrouil­ler le système et de restituer au peuple sa part de pouvoir. Avec Nuit debout, on avait sous nos yeux l’exigence d’un changement. C’est précurseur de ce que l’on aimerait voir advenir si on accède au pouvoir. »

La tradition bousculée

Les électeurs français veulent-ils vraiment plus de démocratie participat­ive ? « Il y a un tas d’initiative­s (Désirs d’avenir de Ségolène Royal en 2007, le mouvement En marche d’Emmanuel Macron) qui montrent que les partis politiques traditionn­els ne se portent pas très bien, confirme Bruno Cautrès, chercheur au CNRS et membre du centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof). Les citoyens voudraient que les représenta­nts aient prise sur la réalité, et dans le même temps il y a une tendance de fond à la prise de parole par les citoyens. C’est un effet de l’élévation du niveau d’éducation. » Ce besoin d’horizontal­ité aurait été bien compris par Mélenchon, selon lui, car le phénomène s’étend notamment au monde du travail : « Plus personne ne peut dire “j’ai raison car je suis le chef ”. Il doit justifier ses décisions. » Charlotte Girard ne nie pas « une correspond­ance entre les aspiration­s exprimées à Nuit debout et un projet comme le nôtre ». Yves Sintomer tempère : « Nuit debout était un mouvement extra-institutio­nnel, informel, fondé sur les réseaux sociaux. Là, on a affaire à une candidatur­e à l’élection présidenti­elle, le coeur de l’institutio­n politique française. » Bruno Cautrès, lui, pense que le transfert est possible : « Mélenchon voit qu’il y a là un réservoir de mobilisati­on pouvant être sensible à son discours, et malgré son image de gauche orthodoxe, il n’est pas le plus mal placé pour se positionne­r sur ce créneau. »

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Mélenchon a tenu la convention de La France insoumise ce week-end.

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