Des politiques Copé des réalités
A l’image du candidat à la primaire de la droite, qui ne connaît pas le prix d’un pain au chocolat, certains politiques apparaissent déconnectés du quotidien.
Se faire piéger en direct sur une question concernant le coût de la vie quotidienne est un classique pour les personnalités politiques. JeanFrançois Copé en a fait les frais lundi. Interrogé par un internaute sur le prix d’un pain au chocolat, le maire de Meaux s’est trompé dans les grandes largeurs sur l’antenne d’Europe 1. « Je pense que ce doit être aux alentours de 10 ou 15 centimes d’euros peut-être. » Il faut multiplier la réponse du candidat à la primaire de la droite par au moins dix pour s’approcher du prix moyen d’un pain en chocolat vendu en boulangerie dans l’Hexagone, une viennoiserie dont il avait fait l’un des symboles de son discours de Draguignan en 2013.
Professionnalisation
L’erreur de Jean-François Copé est « révélatrice d’une distance avec la réalité des Français », note William Genyes, directeur de recherche au CNRS et à l’université de Montpellier. Elle est aussi l’occasion de s’interroger sur le cumul des mandats et la professionnalisation de la politique. « Elle a été pensée pour permettre aux classes populaires de faire de la politique, en touchant une rémunération. Mais, aujourd’hui, on peut exercer la politique comme un métier dont on tire des ressources et des avantages. On parle d’ailleurs des ors de la République pour désigner les arcanes du pouvoir. Lorsque l’on en fait partie, on n’est pas vraiment en phase avec la réalité. » C’est ce qu’avait admis Nathalie KosciuskoMorizet, en 2012, après avoir évalué le prix du ticket de métro à 4 €, alors qu’il était vendu à Paris à 1,70 €. La ministre des Transports avait fait un mea culpa et précisé : « Quand on prend le métro, il est gratuit, notamment quand on est ministre des Transports. » Bien avant les « questions pratiques » de JeanJacques Bourdin sur RMC-BFMTV, Valéry Giscard d’Estaing, candidat à la présidentielle en 1974, questionné par Françoise Giroud sur le prix de la baguette de pain, avait séché. Résultat, les prix de certains produits intègrent même les fiches de révision de Lionel Jospin, sur le point de débattre avec Jacques Chirac en 1995, comme le rappelle Libération. « Rien n’a été oublié, et surtout pas le prix de la baguette de pain, histoire de ne pas se faire bêtement piéger… » Cette précaution n’est pas infaillible puisque les politiques sont régulièrement épinglés pour des erreurs sur le coût de la vie ou le droit du travail, entre autres. Avec d’autant plus d’exigence que « en période de crise, les discours sur les comportements des élites résonnent plus fort et la dénonciation du manque de représentativité est plus fréquente », estime William Genyes. A l’ère du fact-checking, les erreurs des élus ont de moins en moins de chances de passer inaperçues.