20 Minutes (Toulouse)

Des migrants viennent renforcer les effectifs des clubs amateurs

Des clubs amateurs ont même pu créer de nouvelles équipes

- Romain Baheux et François Launay

Ales voir emmitouflé­s dans les longues files d’attente les menant aux bus, difficile de détecter un quelconque potentiel. Parmi les 6000 à 8 000 migrants évacués de la «jungle» de Calais depuis lundi, figurent sans doute des tireurs de coups francs, des milieux défensifs de qualité et des défenseurs bien rugueux. Bref, des passionnés de foot désireux de taper dans un ballon. Dominique Ferrandon, le président de l’AS Bellenaves dans l’Allier, devait se résoudre depuis sept ans à n’inscrire qu’une équipe de seniors malgré les 27 joueurs licenciés. Début février, les premiers migrants arrivent dans le centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada) de la commune auvergnate. Avec l’appui du maire, le dirigeant y voit un moyen de relancer la B. « On a essayé en cours de saison dernière, mais ils n’avaient aucun papier à fournir, donc la Fédération ne pouvait pas leur accorder de licences, explique Dominique Ferrandon. Là, on en a fait signer 14, qui ont obtenu un titre de séjour provisoire en début de saison. Certains jouent vraiment pas mal. » Il y a un mois, la réserve de Bellenaves et sa compositio­n franco-afghano-soudanaise est sortie de son hibernatio­n, s’inclinant 4-3 contre la Montagne bourbonnai­se. Dans le Limousin, les migrants ont relancé le club de Peyrelevad­e, lui permettant de créer une autre équipe senior. « Les migrants viennent remplacer les gars qui bossent à Clermont et ne peuvent parfois pas revenir le week-end », précise Jean-Louis Brette, l’un des dirigeants. « Moi, je n’aurais aucun problème à les accueillir, mais il faut tout prendre en compte, nuance Didier Wiart, président du club de Buzançais (Indre). Mais si vous faites jouer dix migrants au détriment de dix locaux puis qu’ils partent, vous avez alors perdu vingt licenciés. » A Bellenaves, les dirigeants ont accepté de payer 40 des 60 € de la licence. A Louvroil, dans le Nord, « les migrants sont arrivés à leur premier entraîneme­nt avec des baskets, décrit le président Abdelkader Badoud. Les joueurs ont donné des crampons, des maillots et des shorts. On a eu un bel élan de solidarité ».

« Ils sont arrivés à l’entraîneme­nt avec des baskets. » Abdelkader Badoud, président du club de Louvroil

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