Un détenu mis en examen, un centre en sursis
Un pensionnaire du centre d’Indre-et-Loire a été écroué
«Ce n’était pas idiot au départ. Mais faut reconnaître qu’on s’est plantés. C’est un réel échec. » Député (PS) d’Indre-et-Loire, Laurent Baumel s’est fait une religion sur le premier centre de prévention de la radicalisation ouvert, en septembre, à Beaumont-en-Véron. Il devrait réclamer sa fermeture, le 2 février, lors d’un comité technique qui s’annonce tendu. La faute en revient à Mustafa S. Pensionnaire du centre, cet homme de 24 ans a été mis en examen et écroué, vendredi, pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. En décembre 2013, il avait tenté de rallier la Syrie avec l’un des djihadistes, qui, deux ans plus tard, a ensanglanteront le Bataclan. Connu des services de renseignement, Mustafa S. n’aurait jamais dû se retrouver à Beaumont-en-Véron. Ouvert sur l’extérieur, le centre ne devait, selon le projet d’origine, accueillir que des « volontaires » en voie de radicalisation n’ayant pas eu affaire à la justice. « Mais ils n’ont jamais trouvé de volontaires, s’insurge Michel Carrier, président d’une association de riverains opposés à ce projet. Du coup, ils y ont mis des profils dangereux qui n’avaient rien à y faire. »
Quid des autres projets ?
Trois? Cinq? Ou peut-être huit? Impossible de savoir exactement combien de pensionnaires abrite encore aujourd’hui le centre. En tout cas, beaucoup moins que les 22 personnes que le projet ambitionnait de déradicaliser. « Cela ne fait que six mois qu’il existe, nuance une source proche du dossier, à Paris. Mais il illustre bien nos difficultés à faire face au phénomène. » De quoi freiner l’ouverture de treize autres centres promise par Manuel Valls en septembre. A l’époque, il assurait que 15000 personnes étaient suivies par les renseignements pour des soupçons de radicalisation.