Pour rejoindre les rangs de Daesh, ils commettent des braquages
Ils sont accusés d’avoir retenu en otage une jeune femme enceinte, sous la menace de couteaux et d’un Taser. Le but : que son mari, guichetier à La Poste, vide le coffre des 2000 € qu’il contenait. Mais c’est aussi pour avoir voulu se servir de cette somme afin de se rendre en Syrie que deux hommes doivent être jugés, à partir de ce lundi, par la cour d’assises de Paris. Agés de 26 et 37 ans, ils se seraient rencontrés et radicalisés derrière les barreaux.
« En prison, on les appelle les ‘‘islamobraqueurs’’, explique Farhad Khosrokhavar, sociologue spécialiste de l’islam en prison*. Depuis qu’il est légitimé par Daesh, le lien entre les bandits et les personnes radicalisées se fait plus fréquemment que par le passé. » Un coup d’oeil à la galaxie terroriste suffit à s’en convaincre. Considéré comme l’une des têtes de pont de Daesh, Omar Omsen a braqué plusieurs bijouteries de Monaco avant de rejoindre « la terre de Cham ». Un profil similaire à celui des frères El-Bakraoui, qui se sont fait connaître pour des car-jackings à la Kalachnikov avant de commettre les attentats de Bruxelles, en mars 2016.
Encouragé par Daesh
Mais tous ne sont pas aussi « professionnels ». « Quand des apprentis djihadistes n’arrivent pas à financer leur voyage, ils ont parfois recours à des escroqueries ou des braquages, mais leurs méthodes sont bien souvent artisanales », nuance Florian Lastelle. Il y a un an, cet avocat a défendu un homme qui avait braqué un restaurant Quick des Yvelines pour se payer un billet d’avion pour la Turquie. « Son arme était factice et il n’y a eu aucun blessé », plaide-t-il encore aujourd’hui. Jugé pour des faits qualifiés de « terroristes », son client a été condamné à huit ans de prison. Daesh encourage ses troupes à commettre des braquages pour financer la cause. Mais certains profils basculent aussi pour d’autres raisons. « J’ai défendu un jeune pour des faits de délinquance pendant longtemps, raconte l’avocate Marie Dosé. Après quatre ou cinq passages en prison, il a considéré qu’il n’avait plus d’avenir. Il n’était pas radicalisé, mais il a emprunté une voie terroriste, la seule à lui offrir un but… » Déjà sévère vis-à-vis des braqueurs, la justice l’est encore plus pour ces cas qui cumulent les délits. Récidiviste, le principal accusé qui doit comparaître ce lundi encourt ainsi la prison à perpétuité.
* Prisons de France (Ed. R. Laffont)