« J’ai toujours été un artiste politique »
Pour assurer la promo de la représentation exceptionnelle de son one-man-show, « Ingérable », qu’il donnera ce jeudi au Bataclan, Yassine Belattar la joue provoc’. Il assure partir au Maroc le lendemain de l’élection de Marine Le Pen. Il avait auparavant emmené ce spectacle dans les villes FN et à Molenbeek.
Votre représentation exceptionnelle au Bataclan s’intitule « Dernière avant Marine ». Et si c’était vrai ?
C’est ce qui s’appelle être piégé par l’intitulé de son spectacle, qui risque de devenir réalité. Je suis inquiet. Mais je ferai en sorte de rire.
Vous avez modifié beaucoup de choses en vue de cette date ?
Il y a vingt minutes supplémentaires par rapport au spectacle habituel, ce n’est pas rien. C’est un pari d’écriture sur le fait que cette élection n’a laissé personne indifférent. Les gens se sont révélés sur les réseaux sociaux. Avec Jean-Luc Mélenchon, on a vu que les ennemis ne sont pas là où on les attend. Il a été grande gueule toute sa vie et quand on lui demande de l’ouvrir pour voter contre Marine Le Pen, il dit non.
Vous êtes un humoriste engagé ?
J’ai toujours été un artiste politique. On nous a retirés le subversif à nous, les humoristes. Quand on s’engage, on est vu comme des oiseaux rares.
Jouer au Bataclan, c’est politique ?
Je fais le Bataclan parce que j’en ai marre de passer devant et de détourner le regard. Il faut que nous, artistes français, nous réappropriions ce lieu, qu’on ne laisse pas les Américains s’accaparer la scène pour chanter « Peace and Love ». Il y a eu assez de larmes. Je suis fier de dire que les places se vendent bien, parce que, pour beaucoup de spectateurs, venir est un acte politique. On doit vaincre nos peurs ensemble.