Hécatombe chez les grenouilles
Un virus et des conditions climatiques seraient à l’origine de cas de mortalité massive
P lusieurs dizaines de grenouilles le ventre à l’air. Au mois de mars, les gardes moniteurs du Parc national des Pyrénées sont alertés par des randonneurs d’une mortalité d’amphibiens sur un lac du Val d’Azun. « En se rendant sur place, 400 à 500 cadavres de grenouilles rousses ont été découverts, cela semblait foudroyant. Nous avons alors lancé un message d’alerte et nous avons reçu des témoignages d’un peu partout. Notamment un second cas à Gavarnie quelques jours plus tard », raconte Jérôme Laffite, chargé de mission faune au sein du Parc.
Premier cas de ranavirus
Sur le second site, à nouveau des centaines de cadavres, mais à proximité, dans la même zone humide, se trouvaient des amphibiens en bonne santé. De quoi déclencher une batterie d’analyses pour comprendre les raisons de cette épizootie. Et les résultats viennent d’apporter une piste. Les autopsies réalisées par le Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive (CEFE) de Montpellier mettent en évidence la présence d’une nouvelle pathologie, jamais repérée dans les Pyrénées : le ranavirus, sans risque pour l’homme. « Nous avons déjà trouvé d’autres cas dans le Mercantour. Dans les Pyrénées, nous devons vérifier s’il est directement responsable et s’il y a un lien de cause à effet. Pour cela, nous allons mener des expérimentations, identifier le virus, le cultiver et l’inoculer à un animal sain. Nous verrons s’il développe les mêmes signes cliniques que les grenouilles touchées », détaille Claude Miaud, directeur du laboratoire Biogéographie et écologie des vertébrés du CEFE. L’environnement pourrait aussi avoir joué son rôle. « A cette période, nous avons eu un fort choc thermique, cela crée du stress chez les amphibiens, ça les affaiblit. Nous pensons donc à une cause multifactorielle. Ce qui nous inquiète, c’est que nous avons des espèces endémiques qu’on ne trouve nulle part ailleurs, comme la grenouille et l’euprocte des Pyrénées. Si on les perd, il n’y en aura plus sur le parc », déplore Jérôme Laffite.