« Aucun gagnant »
« Le montant des APL que vous percevez prend pour référence votre revenu d’il y a deux ans. Donc, si je travaille, alors que j’étais au chômage il y a deux ans, je touche un montant d’APL qui n’est pas en relation avec ce dont j’ai besoin aujourd’hui », a-t-il argué dans l’hebdomadaire. « Du point de vue de la justice sociale, cette mesure semble logique », commente Jean-Claude Driant, professeur à l’Ecole d’urbanisme de Paris et spécialiste des politiques du logement. Mais « il n’y aura pas de gagnants dans cette affaire », prévient quant à lui Christophe Robert, délégué général de la Fondation AbbéPierre. Car la mesure pourrait pénaliser les jeunes allocataires, qui commencent tout juste à travailler. « Leur salaire étant plus élevé que lorsqu’ils étaient étudiants, ils toucheront moins d’APL, voire pas du tout », avance Jean-Claude Driant. Et d’estimer : « L’APL va perdre sa fonction d’aide redistributive, qui permettait notamment de soutenir les jeunes dans le démarrage de leur vie active. » Christophe Robert abonde : « Ce système va compliquer la vie des allocataires qui sont en CDD, en intérim et qui ont des emplois précaires. Car le montant de leur APL va être recalculé souvent et entraîner des ruptures de droit à certains moments. Cela va créer une instabilité qu’ils n’avaient pas lorsque l’APL était calculée en fonction des revenus de l’année entière. Et l’on peut craindre que cela engendre des situations de trop-perçu, pénibles à régler. » Plus globalement, le délégué général de la Fondation Abbé-Pierre estime aussi que les différents tours de vis sur les APL risquent d’avoir des conséquences sociales fortes : « L’Inspection générale des affaires sociales a bien démontré que les APL étaient très efficaces pour faire sortir des gens de la pauvreté et les aider à se maintenir dans un logement. Rappelons qu’une personne seule qui touche 1100 € net ne peut plus bénéficier des APL, un foyer avec deux Smic net non plus. »