Du requin au nounours
Ce choix de stratégie se retrouve dans les profils recherchés qui doivent faire la part belle au « sens du service, de l’accueil et au service après-vente ». Ce travail d’image mené par les enseignes de la grande distribution a un double objectif : correspondre à l’attente des clients et être attractif sur le marché de l’emploi. « Avant, on disait que dans la grande distribution, c’étaient des requins. Aujourd’hui l’aspect prédateur est laissé aux acheteurs au niveau national, et, dans les magasins, c’est le côté bienveillance qui prime. » Avec plus d’un quart des postes de manager non pourvus chaque année, un changement d’image est nécessaire pour attirer à nouveau des candidats. « 60% de nos directeurs de supermarché ont démarré en tant qu’agents de maîtrise ou employés de commerce. » Le chiffre donné par Caroline Troadec, responsable commerce et formation de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), est éloquent. Dans la grande distribution, la formation se fait en interne. Bien sûr, cela va dépendre du métier exercé, mais « nous sommes un des rares secteurs à recruter beaucoup de jeunes non qualifiés », se targue Caroline Troadec, chiffres à l’appui. Chaque année, sur 80 000 recrutements, en moyenne 25 000 concernent des alternants. « Nous faisons beaucoup d’apprentissages sur les métiers de bouche. » Une tendance confirmée par Stéphanie Ruchaud, directrice du cabinet de recrutement Gabrielle Marionneau Conseil, spécialisé notamment dans le secteur de la grande distribution. Les cadres qu’elle recrute viennent déjà, bien souvent, de la grande distribution. « On nous le demande », acquiesce la directrice. « Très souvent, on cherche des profils qui ont évolué en interne et bénéficié de formations proposées par l’entreprise, ce qui est primordial pour une intégration réussie. »