Les chercheurs lisent le passé dans les pierres
Des chercheurs ont planché sur les matériaux de la ville
S aviez-vous que le marbre rose et blanc utilisé pour les huit colonnes qui ornent le fronton du Capitole provient des carrières de Caunes-Minervois, comme pour le Grand Trianon ? Si les murs des bâtiments toulousains pouvaient parler, ils livreraient une tout autre histoire de la ville. Même la brique, que l’on rencontre à chaque coin de rue, est moins banale qu’il n’y paraît. Avant d’être taillés et utilisés pour la construction, ces grès et calcaires ont un point commun : leur passé géologique.
De Pech-David au Capitole
C’est le fil conducteur de la promenade organisée par le laboratoire Géosciences environnement Toulouse (GET) du CNRS à l’occasion du Congrès international de sédimentologie qui s’ouvre mardi. « C’était un moyen de voir cette science de manière moins ennuyeuse. Et pour cela, Toulouse est un lieu incroyable. Il est intéressant de voir d’où viennent les roches et pourquoi ce sont celles-ci qui ont été utilisées, de savoir comment la géologie a pu avoir une influence », indique Delphine Rouby, l’organisatrice. Rien que pour le fronton du Capitole, on dénombre une dizaine de matériaux très divers. Dont la fameuse brique, importée pour la première fois par les Romains. « Le contexte géologique veut qu’on ait des ressources locales. L’argile utilisée provient de deux collines : Jolimont et Pech-David, et les Romains s’en servaient déjà. L’oxyde de fer qu’elle contient lui permet de prendre cette teinte rose à la cuisson », explique Frédéric Christophoul du GET. La pierre blanche, elle, vient de Belbèze-enComminges, sur les contreforts des Pyrénées. Les carrières dont elle est issue se sont formées il y a près de 55 millions d’années. La même pierre que l’on retrouve au Pont-Neuf. De ces histoires, les chercheurs veulent faire un livre dès l’an prochain.