Les polémiques n’affaiblissent pas l’homéopathie
Un rapport pointe la potentielle nocivité de l’homéopathie
Un pavé dans la mare. Dans son dernier rapport, publié le 20 septembre, le Conseil scientifique des académies de sciences européennes (Easec) conclut non seulement à « l’absence de preuve solide » de l’efficacité des produits homéopathiques, mais pointe également leur potentielle nocivité. Et de demander qu’« à moins que démonstration n’ait été faite par des tests rigoureux qu’ils étaient efficaces et sans danger », les granules cessent d’être remboursés. Membre de l’Observatoire zététique, Florent Martin rappelle, que depuis quarante ans, l’homéopathie résiste à la polémique. « On a les scientifiques qui attestent qu’elle est inefficace, et le public qui fait part de sa satisfaction, dans le sens où il se sent mieux après en avoir pris. » Or, la satisfaction ne vaut pas l’efficacité.
Médecins trop pressés
Beaucoup d’adeptes ignorent totalement que les différents traitements homéopathiques « ne contiennent aucune substance active dans le produit fini », révèle Natalie Grams, ex-homéopathe allemande et aujourd’hui référence outre-Rhin sur l’information liée à cette médecine alternative. Dosés dans des quantités plus qu’infinitésimales, les médicaments homéopathiques ne présentent pas de risques sanitaires à l’ingestion. Par ailleurs, « le public est déçu de la médecine générale : les médecins n’ont que très peu de temps à accorder aux patients, qui ont l’impression de n’être qu’un numéro sur une longue liste, estime Natalie Grams. Or, si vous allez voir un homéopathe, qui prendra du temps pour vous, vous aurez l’impression de vous sentir déjà mieux. » Florent Martin va plus loin : « Pour certains, recourir à l’homéopathie est aussi une manière de marquer son opposition à la médecine chimique. » Un courant de pensée qui peut retarder la consultation d’un médecin ou la prise d’un traitement adapté. En mai, un garçon de 7 ans est décédé des suites d’une otite soignée uniquement avec de l’homéopathie. « Ce n’est pas l’homéopathie qui l’a tué. Mais l’illusion de soins qu’elle donne peut, elle, être meurtrière », avertit-il.