Les nouveaux flics d’à côté
Emmanuel Macron dévoile ce mercredi les contours de la police de sécurité au quotidien. Ce dispositif, qui n’est pas sans rappeler la police de proximité, interroge chercheurs et syndicats.
Une police « plus proche du terrain, mieux intégrée dans le tissu social des quartiers, mieux à même d’intervenir avec discernement et de traiter les problèmes de proximité ». Voici comment le candidat Macron présentait, dans son programme présidentiel, sa proposition de créer une « police de sécurité du quotidien ». Cinq mois après son élection, le chef de l’Etat va préciser, ce mercredi, les grandes lignes de cette réforme qui reste encore « un peu théorique », reconnaît-on à l’Elysée. Il est question d’établir des diagnostics de sécurité « territoire par territoire », de donner les « moyens nécessaires » pour « traiter les phénomènes » de délinquance qui auront été identifiés, d’adapter l’organisation des services « à la réalité du terrain » et de « placer les citoyens au coeur de l’action » des policiers et des gendarmes. Des consultations de syndicalistes policiers et de chercheurs seront lancées à partir de lundi et une doctrine nationale doit être définie d’ici deux mois. Les « premières expérimentations » seront lancées dans plusieurs villes, au début de l’année prochaine.
Un « rééquilibrage »
« On ouvre enfin la question de comment doit fonctionner la police », se félicite Sébastien Rocher, directeur de recherches au CNRS. « Ajuster l’action de la police à la réalité du terrain » est nécessaire, insiste-t-il. « Les élus locaux vont pouvoir formuler un certain nombre de demandes. Pour le moment, tout part de la Place Beauvau. Cette réforme constituerait un rééquilibrage entre l’échelon central et local. » Secrétaire générale du syndicat des commissaires de police, Céline Berthon attend pour sa part d’Emmanuel Macron qu’il précise « les objectifs et la philosophie de cette doctrine ». « Le but est-il de réussir à consacrer des moyens policiers pour entretenir un contact plus régulier auprès de la population? S’agit-il de définir une nouvelle méthode afin de recueillir les attentes en matière de sécurité, ou bien s’agit-il uniquement d’envoyer les policiers patrouiller à pied ? » s‘interroge-t-elle. Le sociologue Laurent Mucchielli, directeur de recherche au CNRS, estime toutefois qu’une mesure pourrait compromettre la volonté du gouvernement d’améliorer les relations police-population, celle du projet de contraventionnalisation de l’usage de drogues, sur lequel s’est penchée une mission d’information parlementaire. « Verbaliser tous azimuts risque de durcir les relations des agents avec les jeunes, et notamment ceux des quartiers populaires. »