Vers la fin de l’anonymat du don de gamètes ?
Une association réclame l’accès aux origines des enfants nés de donneurs anonymes
«Nous sommes une génération d’abandonnés, des orphelins sans racines. » La délicate question de l’accès aux origines des enfants nés d’un don de gamètes (spermatozoïdes ou ovules) après une procréation médicalement assistée (PMA) revient sur le devant de la scène à l’occasion de l’ouverture, ce jeudi, des états généraux de la bioéthique (lire l’encadré). L’association Procréation médicalement anonyme en a fait son cheval de bataille. « Près de 70 000 enfants sont concernés en France », explique son président, Vincent Brès, qui milite pour « un droit d’accès aux origines à 18 ans », et « non pour une levée totale de l’anonymat des donneurs ». « Toute une génération a déjà été sacrifiée, déplore celui qui a été conçu à partir d’une insémination artificielle avec don de sperme. Il est temps que les choses changent. » Un constat partagé par une partie du corps médical. « Le principe d’anonymat absolu est une anomalie qui méconnaît les droits des enfants à connaître leur origine, affirme Jean-René Binet, professeur de droit à l’université de Rennes et spécialiste de bioéthique. En Europe, plusieurs Etats qui avaient opté pour la règle du secret, comme la France, y ont renoncé. »
Risque de consanguinité
Pour Arthur Kermalvezen, « avec les nouvelles technologies, ce principe est devenu caduc ». Le porte-parole de l’association Procréation médicalement anonyme sait de quoi il parle : il a réussi à retrouver en fin d’année son père biologique grâce à un test génétique réalisé à l’étranger. Le jeune homme souhaite aussi alerter sur le danger de la consanguinité : « En région parisienne, on a presque tous été conçus au centre hospitalier du Kremlin-Bicêtre, avec une poignée de donneurs. »