La Russie ne rate pas un contrôle
Les chiffres montrent que les Russes courent plus que les autres pays. De là à faire un raccourci vers le dopage…
L’enthousiasme était là, tout proche, sincère et désintéressé. Quelle belle équipe que la Russie ! Quel joueur d’avenir ce Golovin ! Et puis, patatras, un chiffre scélérat est venu jeter un voile sombre sur tout ça. Les joueurs russes ont couru 118 bornes lors du match d’ouverture, et encore 115 lors du deuxième. Les deux plus grosses performances jusque- là enregistrées pendant la compétition. Les trois joueurs qui ont accompli le plus de courses depuis le début du Mondial sont aussi des membres de la Sbornaya : Golovin, Samedov et Gazinsky. Il n’en fallait pas plus pour que notre instinct se mette en action. N’y aurait-il pas une sale histoire de dopage organisé derrière tout ça ? « J’ai du mal à imaginer que la Russie prenne un tel risque après tout ce qui s’est passé », explique le jour- naliste allemand Hajo Seppelt, qui a révélé le scandale du programme de dopage organisé depuis le ministère des Sports pour les JO Sotchi en 2014. Le Telegraph a, de son côté, appelé Travis Tygart, le John Wayne de l’antidopage, directeur de l’agence américaine et tombeur de
« L’équipe russe est célèbre pour son bon entraînement physique. » Eduard Bezuglov
Lance Armstrong. « Je pense que les athlètes méritent un système antidopage qui les protège et qui permette de les croire quand ils disent qu’ils ne sont pas dopés, analyse l’Américain. Malheureusement, il y a des pays comme la Russie où l’expérience a prouvé que ce n’est pas le cas. » Les oreilles de la Sbornaya sifflent, mais ça n’émeut pas particulièrement l’équipe russe, recluse dans la tranquillité de leur camp de base. La fédération a tout de même pris le soin d’envoyer au front Eduard Bezuglov, le délicieux médecin de la sélection, toujours prêt à faire le spectacle. « L’équipe russe a toujours été célèbre pour son bon entraînement physique, assure-t-il. L’année dernière, les joueurs ont bien couru durant la Coupe des Confédérations, et maintenant la dynamique est encore plus positive. » Bezuglov a même donné des précisions sur le suivi antidopage de ses joueurs : « Depuis le début de l’année, nos joueurs ont été contrôlés plus de 300 fois. Je vous parie une bouteille de lait que c’est plus de deux fois plus que le nombre de tests subis par les joueurs anglais. Ces performances s’expliquent par un bon entraînement, une bonne motivation, et, bien sûr, l’énorme soutien de tout un pays. » On se permettra de jeter un oeil aux chiffres de course des uns et des autres après le match contre l’Uruguay, ce lundi à Samara. Simple curiosité.