« Maltraitants par manque de temps »
« Le manque de moyens à l’hôpital est accablant. » Julien, médecin urgentiste dans le Nord, a déjà eu le temps de déchanter en seul eme n t deux ans de métier. Et il n’est pas le seul, comme le prouvent les nombreux témoignages envoyés à 20 Minutes.
« Quand je prends ma garde le matin à 8 h 30, j’ai déjà 32 patients en soins, dont 28 n’ont rien à faire aux urgences. Et autant de patients qui vont arriver dans la matinée », commence Julien. Louise, infirmière dans le service de chirurgie d’un CHU, déplore l’explosion des tâches : « S’occuper de douze patients tout en encadrant des étudiants, les visites des familles, faire les commandes de matériel, les validations informatiques des soins… » Conséquence : la qualité de la prise en charge des patients en pâtit. « Nous sommes devenus des gestionnaires de lits, explique Denis. Par manque de temps, nous devenons maltraitants. Il nous arrive d’oublier des patients qui sont discrets et nous ne pouvons pas toujours répondre à ceux qui nous sonnent. » Louise se désole : « A force, nous oublions que nous soignons un être humain, une personne avec une histoire, une vie et des attentes. » Certains dénoncent ni plus ni moins des manquements au Code du travail. « Lors d’un décès d’un proche, on a m’a refusé le jour d’enterrement. J’ai dû réclamer un arrêt de travail », confie Denis. « On est tellement au fond du trou qu’une réforme ne peut que décevoir », explique Julien. Voire les pousser à raccrocher la blouse.