Pour mieux lire entre les lignes
La première librairie de France spécialisée en Langue des signes et jeunesse vient d’ouvrir dans la Ville rose
De l’extérieur, rien ne dinstingue vraiment L’Ouï-Lire des librairies voisines qui jalonnent la rue Gambetta, à Toulouse. Mais, en poussant la porte de cette toute nouvelle enseigne, l’accueil sera certainement différent. C’est en Langue des signes (LSF) que Delphine et Nathalie ne manqueront pas de vous saluer. « Les clients rentrent et constatent que nous sommes sourdes. L’idée est que chacun fasse un pas, parfois les gens sortent une feuille. Nous sommes toutes les deux à l’aise et nous n’avons jamais eu de problème de communication jusqu’à présent », explique Nathalie, bibliothécaire de formation.
Depuis longtemps, les deux amies nourrissaient le projet d’ouvrir une librairie. A force d’échanger lors de leurs rencontres au sein de leur club lecture, elles se sont dit qu’un lieu consacré avait toute sa place dans la Ville rose. Toulouse est, en effet, considérée par certains comme la capitale de la culture sourde.
Littérature jeunesse
« Nous avions remarqué que les personnes sourdes sont souvent très isolées, elles cherchent des informations seules, mais c’est souvent difficile de s’y retrouver. Nous voulions réunir toutes ces informations en un seul lieu. Mais nous ne pouvions pas non plus nous contenter uniquement de livres sur la Langue des signes, nous avons donc orienté la librairie aussi vers la littérature jeunesse », indique Delphine.
Depuis la fin du mois d’août, les rayons se remplissent. Il y a les références d’édition que les enfants dévorent, mais aussi des livres sur la dyslexie, sur les recherches scientifiques ou encore des bouquins affublés d’un QR Code qui permet de lire des vidéos en Langue des signes. « La différence avec les autres librairies c’est l’accessibilité aux personnes sourdes, qui, lorsqu’elles commandent par exemple sur Internet, n’ont pas de conseils. Mais nous recevons tous les publics », assure Delphine. Autant d’ouvrages qui permettent d’expliquer ce qu’est la surdité, un handicap invisible et souvent méconnu. Pour ces deux fondatrices, c’est un moyen aussi de décloisonner le monde du silence et celui des entendants et de les faire communiquer.