L’étude des gènes de la tumeur permet de meilleurs soins
Les tests génomiques, qui peuvent prédire le risque de métastase et de récidive, permettent d’éviter la chimiothérapie
« Cela serait revenu à utiliser un bazooka pour tuer une mouche ! » s’exclame Nathalie Savariaud. Interrogée dans le cadre d’Octobre rose (campagne destinée à sensibiliser au dépistage du cancer du sein féminin et à récolter des fonds pour la recherche), la trentenaire raconte comment elle a été soignée sans passer par l’étape chimiothérapie. En l’occurrence grâce à un test génomique.
Réalisé post-opération, ce test s’intéresse aux gènes même de la tumeur et consiste à « mesurer leur importance, ce qui donne des informations sur son agressivité, synthétise Daniel Zarca, chirurgien cancérologue et président de l’Institut français du sein. On en tire un score qui va de 0 à 100. Plus il est élevé, plus le risque est grand d’avoir des métastases. Si le score est très bas, on ne va pas prescrire de chimio et on se contente d’hormonothérapie, par exemple. C’est une vraie révolution et un premier pas vers une médecine personnalisée. »
Remboursés, en partie
Autre avantage du test génomique : il permet de mesurer le risque de récidive sur dix ans. Les oncologues pourraient donc proposer un suivi posttraitement à la carte. Très rapproché pour celles qui en ont besoin, moins lourd pour les autres. C’est autant de temps gagné, de stress et de conséquences en moins pour les patientes (nausées, perte de cheveux et de cils, fatigue…), et d’économies pour la collectivité. A l’heure où l’on cherche à lutter contre le surdiagnostic et le surtraitement, « les tests génomiques peuvent être utiles dans un certain nombre de cas, avec un objectif de désescalade thérapeutique dans des situations où l’on hésite, avance Dominique Stoppa-Lyonnet, cheffe de service de génétique de l’Institut Curie. Mais le fait qu’il y ait plusieurs tests et qu’ils ne s’intéressent pas aux mêmes gênes me trouble un peu. » Actuellement, en effet, quatre tests sont commercialisés en France : MammaPrint, Pam50-Prosigna TM, EndoPredict et Oncotype DX. Et c’est ce dernier qui semble être le plus analysé. Selon l’étude Taylor X, dévoilée en juin, il aurait évité une chimiothérapie à 70 % des patientes atteintes de la forme la plus commune de cancer du sein. En attendant, la question du coût reste épineuse. Fondatrice de Life is rose (association qui soutient les patients que le cancer a précarisés), Nathalie Savariaud a réglé son test 3 200 € à l’époque. Depuis 2016 toutefois, grâce à un budget du ministère de la Santé consacré aux traitements innovants, les tests génomiques sont en partie remboursés (à hauteur de 1 850 €). Pour combien de temps, s’inquiète Nathalie Savariaud. En mars 2017, la Haute Autorité de santé s’est saisie de la question d’un éventuel remboursement de ces tests. Ses conclusions devraient être connues d’ici la fin de l’année, a-t-elle confirmé à 20 Minutes.