La raison des Brésiliens balance
Dimanche matin, à Rocinha, la plus grande favela de Rio de Janeiro, Sebastião lâche : « Tout va mal au Brésil, et aucun des candidats ne nous représente. » Comme 147 millions d’autres Brésiliens, le quinquagénaire a dû voter pour cinq élections différentes : celles d’un gouverneur, un sénateur, un député fédéral et un député local. Mais celle qui était dans toutes les têtes, c’était bien la présidentielle. Face à l’insécurité qui s’est aggravée à Rocinha, Sebastião n’a pas hésité et apporté sa voix à Jair Bolsonaro, le candidat d’extrême droite en tête des intentions de vote. Carlos et Jane, eux, sont restés fidèles au Parti des travailleurs (PT) de l’ex-président Lula (condamné pour corruption et incarcéré), et à son candidat Fernando Haddad, deuxième dans les intentions de vote. « Le PT a fait des erreurs, mais il a aussi fait beaucoup de choses bien pour les Brésiliens, il ne faut pas l’oublier. »
A São Paulo, dans le quartier chic d’Higienopolis, la candidature de Jair Bolsonaro s’est elle aussi imposée. « Ce n’est pas mon choix de coeur, mais le Brésil a actuellement besoin d’être rééquilibré », explique Paulo, 40 ans. Dans une élection extrêmement polarisée, tout pourrait se jouer très rapidement. Selon les analystes, l’hypothèse d’une victoire de Jair Bolsonaro dès le premier tour a pris de l’épaisseur ces derniers jours.