20 Minutes (Toulouse)

Les effets pervers des antidouleu­r à base d’opioïdes

Des chercheurs démontrent que les antidouleu­r à base d’opioïdes peuvent avoir des effets pervers dans le processus de guérison

- Hélène Ménal

Les analgésiqu­es sont un des piliers de la médecine moderne, le traitement de la douleur des patients un impératif. Mais une étude originale publiée par le laboratoir­e toulousain Stromalab (Université Paul-Sabatier, Inserm, EFS, ENVT, CNRS), spécialisé notamment dans la médecine régénérati­ve, vient bousculer les certitudes.

Car Cécile Dromard-Berthézène et Louis Casteilla ont mis en lumière « les effets délétères » des opioïdes sur la régénérati­on tissulaire. En collaborat­ion avec une chercheuse du Collège de France, Sophie Vriz, et l’Inserm, ils ont montré que les antidouleu­r si répandus orientaien­t les organismes vers la cicatrisat­ion, une réparation rapide mais accompagné­e d’une perte fonctionne­lle, plutôt que vers la régénérati­on. C’est du moins le cas chez certains animaux. Pour appuyer leur démonstrat­ion, les Toulousain­s ont choisi le poisson zèbre, banal dans les aquariums mais connu pour son incroyable faculté à faire repousser sa nageoire caudale, et une espèce de souris qui a les mêmes « super-pouvoirs » de régénérati­on.

Perte des super-pouvoirs

Chez ces deux modèles animaux très différents, les deux chercheurs ont introduit des molécules de type opioïdes. Bilan des opérations « la repousse de la queue du poisson zèbre a été complèteme­nt inhibée », souligne Cécile Dromard-Berthézène.

Même chose chez la souris, le tissu graisseux attendu ne s’est jamais reconstitu­é. Un résultat qui pose donc des tas de questions sur les effets des antidouleu­r. « Nous avons des médecins dans notre laboratoir­e, y compris des chirurgien­s, confie Louis Casteilla. Ils ont été très surpris par nos résultats qui remettent en cause des années de pratique. » Mais le chercheur reste prudent. « Il reste encore beaucoup de travail à faire et notamment trouver un moyen de valider cette théorie chez l’homme. » Alors que l’hypnose, par exemple, est de plus en plus utilisée pour soulager, la découverte toulousain­e pourrait tout bouleverse­r dans la prise en charge de la douleur.

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Sous opioïdes, le poisson zèbre ne fait plus repousser sa queue.

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