Animation
Le réalisateur et humoriste signe le très réussi « Astérix, le Secret de la potion magique »
Et si le ciel leur était tombé sur la tête ? Le druide Panoramix vient de se blesser dans la forêt. Peut-être est-il temps pour lui de trouver un successeur à qui confier la recette de la potion magique. Alexandre Astier peut être fier de lui, Astérix, le Secret de la potion magique, réalisé en duo avec Louis Clichy, est une réussite. Pourtant, ce n’était pas gagné. En choisissant d’inventer un scénario de A à Z, Alexandre Astier s’est mis en danger. « II fallait trouver un équilibre entre l’univers d’Astérix et mon ego, explique Alexandre Astier à 20 Minutes. Retrouver le ton pour lequel on est venu me chercher sans trahir les personnages. » Première nouveauté du démiurge de « Kaamelott » : il y a un vrai méchant, « un sorcier aussi doué que Panoramix, prévient Astier. Sauf que ce dernier n’a plus rien fait d’autre que de la potion magique depuis des lustres. » Ce nouvel arrivé, brillant mais cupide, va se révéler une menace pour les irréductibles Gaulois. Autre nouveauté, « nous parlons pour la première fois du vieillissement des personnages et de leur avenir », explique Alexandre Astier. L’histoire invite ainsi les protagonistes à réfléchir à ce qui arrivera après la mort de Panoramix.
La mise en valeur des femmes – chargées de garder le village en l’absence des guerriers – et d’une petite fille cu- rieuse est aussi une innovation bienvenue. « Dans les albums, il y avait aussi des personnages féminins, mais à la Audiard comme la femme d’Agecanonix. » Dans Le Secret de la potion magique, les dames passent à l’action.
L’humour de « Kaamelott »
Il est impossible de ne pas penser à « Kaamelott » en voyant l’air épuisé d’Astérix devant les idées souvent idiotes mais toujours créatives de son entourage. « Les difficultés des héros à communiquer entre eux sont des points communs indéniables, reconnaît Alexandre Astier. Ils ont du mal à fonctionner ensemble, en équipe. » Et l’auteur-réalisateur exploite habilement ce ressort comique.
Les vrais rebelles se moquent des récompenses. Qu’importe, donc, si Leto est rentré bredouille du Festival de Cannes. Au moins le film est-il parvenu à faire danser la Croisette en l’absence de son réalisateur, Kirill Serebrennikov, assigné à résidence à Moscou après avoir été arrêté à la fin du tournage d’un biopic rock qui envoie du lourd. Dès le début, le spectateur est emporté par le souffle de Kino, l’un des groupes les plus importants en Russie au début des années 1980. « Mon film est une histoire de rock’n’roll dans un climat totalement hostile à cette musique et aux influences occidentales », précise le réalisateur du Disciple.
Les plus belles scènes du film sont des passages musicaux où tout le monde chante et danse avec les héros. Une interprétation épatante de « Psycho Killer » de Talking Heads donne envie de sauter de son fauteuil pour se joindre aux personnages à l’écran. Est-ce le fait d’avoir terminé le montage de son film alors qu’il était enfermé chez lui ? Kirill Serebrennikov donne une énergie communicative au cri de révolte de ses héros. Sans haine ni violence, il fait passer son message en musique, lézardant les murs de sa geôle pour donner à entendre et à voir, tout en faisant un admirable pied de nez aux autorités. A l’heure où Bohemian Rhapsody caracole au sommet du box-office français, on ne saurait trop conseiller de découvrir ce biopic tonique et rageur.