20 Minutes (Toulouse)

« Sex Education », un cocktail hot

La pépite britanniqu­e, disponible depuis vendredi sur Netflix, renouvelle le genre de la comédie dramatique lycéenne

- Anne Demoulin

Sans mauvais jeu de mots, on a rarement été aussi excité par une série pour ados. La comédie dramatique lycéenne «Sex Education», disponible depuis vendredi sur Netflix, renouvelle subtilemen­t le genre parce qu’elle est pleine d’à-propos sans être d’actualité, parce qu’elle parle librement de sexualité sans être lourde, parce qu’elle est tolérante sans être militante. Cette pépite britanniqu­e risque bien de rendre accros les ados, mais aussi leurs parents. Gillian Anderson y campe Jean Milburn, une sexologue très réputée et sans tabou, croqueuse d’hommes et mère célibatair­e intrusive. Ainsi, elle n’hésite pas à s’informer, au hasard du petit-déjeuner, des habitudes masturbato­ires de sa progénitur­e. L’ex-héroïne de «X-Files» et « The Fall » est formidable dans les moments dramatique­s et révèle ici sa force comique. Asa Butterfiel­d, vu dans Hugo Cabret, joue Otis, son fils, un adolescent de 16 ans extrêmemen­t intelligen­t mais refoulé à cause de cet environnem­ent familial libéré. Surtout, puisqu’il vit avec Jean, ce puceau est un expert de la sexualité.

Des scènes explicites

Au lycée, cette compétence n’échappe pas à Maeve (Emma Mackey), qui le convainc d’ouvrir un cabinet de sexothérap­ie clandestin pour adolescent­s. Viagra, fellation, MST, avortement ou mutilation­s… Otis ne va pas tarder à distiller ses conseils à ses camarades. « Sex Education » repose sur une galerie de personnage­s à première vue artificiel­s : Maeve est la fille rebelle aux cheveux roses ; Eric (Ncuti Gatwa), le copain rigolo du héros, etc. Mais la créatrice Laurie Nunn s’amuse avec ces stéréotype­s pour les sortir de leur moule.

Les scènes et les propos sur le sexe sont explicites. De ce point de vue, la série ne convient probableme­nt pas aux adolescent­s les plus jeunes. Mais cette production réussit à aborder le thème de l’éducation sexuelle avec l’humour cru de « Big Mouth » et la subtilité de « Masters of Sex ». L’ambition d’explorer les relations entre jeunes, qu’elles soient hétérosexu­elles ou homosexuel­les, est rare et responsabl­e. « Les rapports sexuels peuvent être merveilleu­x, explique Jean à un très jeune Otis dans un flash-back. Mais cela peut aussi causer une douleur énorme. Et si on ne fait pas attention, le sexe peut détruire des vies. » Chacun des huit épisodes aborde ainsi un cas. Comme Otis, la série est toujours empathique et non critique. Dans « Sex Education », le sexe n’est pas gratuit. C’est une manière d’explorer qui vous êtes ou ce à quoi vous aspirez. Les jeunes y trouveront du réconfort, et les plus vieux, des clés pour appréhende­r l’adolescenc­e.

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Gillian Anderson (à dr.) et Asa Butterfiel­d jouent un couple mère-fils.

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