A la recherche des causes de la puberté avancée
Santé Des études tentent de déterminer les origines de ce phénomène, qui touche les moins de 8 ans
Des produits chimiques dans les couches, assiettes et jouets des enfants... Et une inquiétude qui grandit chez les parents qui voient les seins de leurs filles de 8 ans bourgeonner. « Davantage de filles consultent pour un problème de puberté avancée », assure Olivier Puel, pédiatre et endocrinologue. Alors que les données précises sur les pubertés avancées – c’est-àdire avant 8 ans – manquent (voir encadré), quelques causes sont suspectées. Il existe des raisons génétiques et anatomiques, qu’il faut tout de suite rechercher, comme des kystes, une malformation au niveau des ovaires ou encore une tumeur au cerveau. Ce qui reste très rare, puisque « dans 80 % des cas chez les filles, une puberté avancée centrale est sans cause identifiée », avance une étude de Santé publique France, publiée en juillet 2018. Autre facteur suspecté : l’obésité. « Dans le cas d’une puberté précoce centrale, c’est le cerveau qui donne le signal d’entrée en puberté, précise Charles Sultan, ancien chef du service d’endocrinologie pédiatrique au CHU de Montpellier et chercheur à l’Inserm. En revanche, dans le cas de la puberté précoce périphérique, c’est le tissu adipeux qui produit des hormones qui vont féminiser la glande mammaire chez des petites filles obèses. » Plus polémiques, des études pointent une possible responsabilité des perturbateurs endocriniens. Ces derniers miment l’effet des hormones, en particulier des oestrogènes. « Chez l’animal, des études montrent que les perturbateurs endocriniens ont un effet, avance Olivier Puel. Nous n’avons que des suspicions chez l’homme. » Au CHU de Montpellier, d’autres pistes sont explorées. « Nous avons mené une étude, qui sera soumise à un média américain pour publication, rapporte Charles Sultan. Nous avons interviewé les familles d’une centaine de filles touchées par une puberté précoce. Les résultats montrent que, dans les pubertés précoces centrales non génétiques, plus de la moitié surviennent dans un contexte environnemental pollué soit par l’habitat, soit par la profession des parents. Pour les pubertés périphériques, on est à près des deux tiers. » En attendant une confirmation de ces avancées, « il faut appliquer le principe de précaution », plaide Olivier Puel, alors que le débat sur les pesticides bat son plein.
« Chez les filles, dans 80 % des cas, une puberté avancée est sans cause identifiée. »
Santé publique France