Il était une fois... les Wisigoths à Toulouse
En 419, Toulouse devenait la capitale de ce peuple de Germains orientaux dirigé par Théodoric Ier et que nous avons oublié
Il y a 1600 ans, la Ville rose devenait la capitale des Wisigoths (prononcez « vizigo »). Malgré un nom qui « claque », l’histoire de France a relégué au second plan ce peuple de Germains orientaux, au profit des Francs de Clovis, fondateur de la dynastie mérovingienne. Pourtant, Théodoric Ier et ses descendants ont contrôlé pendant près d’un siècle un immense territoire qui, dans les années 470, s’étendait de la Loire au détroit de Gibraltar. Samedi, l’association Toulouse Wisigothique va aider les Toulousains à y voir plus clair sur ces ancêtres méconnus. Avant d’arriver sur les berges de la Garonne, les Wisigoths ont suivi un chemin très long et tortueux, depuis les rives de la Baltique, dès les Ier et IIe siècles de notre ère, en passant par le nord-ouest de la mer Noire. Mais les Huns arrivent brutalement sur les rives de la Baltique vers 375. Les Wisigoths demandent asile dans l’Empire et, après quelques décennies en Dacie (l’actuelle Roumanie), mettent le cap à l’ouest.
Un détour par l’Espagne
Chrétiens depuis le IVe siècle, les Wisigoths remontent vers la Gaule en 412-413. Ils prennent leurs quartiers à Toulouse – non sans un détour par l’Espagne – quelques mois avant le début du règne du grand Théodoric (419-451). « Les raisons de leur installation sont peu connues, mais c’était sans doute pour pacifier une partie de la Gaule », note indique Emmanuelle Boube, secrétaire générale de l’association et maîtresse de conférences en archéologie de l’antiquité tardive à l’université Jean-Jaurès. En 507, la victoire du Franc Clovis sur Alaric II, tué lors de la bataille de Vouillé, sonne le glas du royaume de Toulouse. Lequel aura laissé peu de traces malgré près d’un siècle d’existence et la succession de cinq rois.
Dans les années 1980, sous l’hôpital Larrey, les fondations d’un grand bâtiment sont retrouvées, interprétées comme celle du palais des rois goths. « De l’église de la Daurade à celle de Saint-Pierre-des-Cuisines, nous sommes au coeur du quartier du pouvoir royal wisigoth du Ve siècle », développe l’historienne. En 2011, des fondations de la même période percent sous le chantier de l’école d’économie, à l’Arsenal.