Alors que May réclame un nouveau report, la lassitude gagne l’Union européenne
Le feuilleton sans fin de la sortie du Royaume-Uni de l’Union agace les Etats membres
Le Brexit est une mine d’or pour les humoristes. Même la ministre des Affaires européennes, Nathalie Loiseau, a fait une blague sur son chat nommé « Brexit » (qui en fait n’existe pas). Malgré cette créativité artistique, la réalité ne fait plus rire, mille jours après le vote des Britanniques pour quitter l’Union.
« L’horloge tourne »
Illustration avec le Conseil européen, qui démarre ce jeudi. « Normalement, le sujet du Brexit n’était pas à l’ordre du jour. L’objectif, c’est qu’il n’occupe pas tout le temps des leaders européens », indique un proche d’Emmanuel Macron. Son pronostic est mal engagé. Theresa May a sollicité mercredi un report du Brexit au 30 juin et la Commission européenne a aussitôt répliqué, dénonçant un « grave risque juridique et politique ». « Il y a des contraintes institutionnelles, décrypte un fonctionnaire européen. Si un report était accordé au-delà du 23 mai [date des élections européennes], il faudrait organiser des élections au Royaume-Uni. » Un tel scénario a été jugé « inacceptable » par Theresa May, car il contribuerait à maintenir un lien étroit avec l’Union Européenne. En attendant, le scénario par défaut demeure celui d’un divorce brutal (« hard Brexit ») entre Londres et l’UE, le 29 mars, sans accord entre les deux parties et donc sans période de transition. Le du Brexit commence en tout cas à fatiguer sérieusement au sein de l’UE. « Il y a une lassitude dans l’équipe des négociateurs européens, affirme Sabine Saurugger, chercheuse à l’IEP de Grenoble. L’UE continue à fonctionner malgré ce débat, mais le Brexit empêche les autres sujets d’être plus visibles. » « L’échéance est connue, l’horloge tourne, s’agace l’entourage d’Emmanuel Macron. On est au moment où le Brexit doit se matérialiser. » Pas tout à fait : à une radio allemande mercredi, le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, a affirmé que « nous [les 27 pays de l’UE] devrons probablement nous voir de nouveau la semaine prochaine, car Theresa May n’a d’accord sur rien au sein de son Conseil des ministres et au Parlement ».